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elomariette

Un petit tour en Amazonie


Nous avons quelques peu hésité, mais après plusieurs recherches, avis et recommandations, c'est décidé : nous irons en Amazonie ! Et oui, la Bolivie est courverte sur une grande partie qui s'étend de l'est au nord, par cette forêt primaire mythique. Il y a plusieurs villes servant de portes d'entrée, et celle que nous prendrons se nomme Rurrenabaque (ou bien Rurre si l'on veut faire simple). Plusieurs questions se sont posées avant de prendre notre décision : celle du budget conséquent, celle du moyen de transport pour s'y rendre, celle de l'agence avec qui passer, et celle du tour à faire : pampa, selva ou bien les deux ? Les réponses sont assez simples avec le recul : certes c'est un gros budget, mais aurons nous d'autres occasions de nous y rendre ? Nous savons déjà que depuis le Pérou c'est un peu plus cher, et nous ne prévoyons pas de nous rendre au Brésil, Colombie ou bien encore Équateur, alors... Concernant le transport, depuis La Paz, c'est soit en avion avec un vol de 40 min (assez cher), soit en bus avec un trajet de 20 heures sur une route particulièrement dangereuse, d'autant plus s'il a plu. Tant pis pour le porte-monnaie, on opte pour la sécurité, le confort et le gain de temps. Enfin, pour choisir l'agence et le tour à faire, on va se fier aux français nous ayant précédé, et qui semblent satisfaits des prestations : ce sera avec Dolfin Tour, et ce sera 3 jours 2 nuits dans la pampa, puis 3 jours 2 nuits dans la selva. Quitte à y aller, autant se faire plaisir jusqu'au bout.

Nous voilà donc partis en direction de l'aéroport de El Alto pour prendre un vol interne. Nous montons à bord du petit appareil, qui semble complet, et décollage pour Rurre. Nous avions connu des atterrissages en ville, en mer, en montagnes, mais pas encore au milieu de la forêt ! On prend conscience de cette immensité verte, seulement découpée par des rios marrons, affluents du grand Amazone.



L'aéroport de Rurrenabaque vaut le détour... Une seule piste évidemment, puis un mini bus qui nous conduit de la sortie de l'avion à un hangar plus ou moins vétuste servant de terminal.



On attend nos sacs, qui arrivent sur une charrette, tractée par une mobylette. Pas de tapis roulant, juste une aire délimitée par du ruban adhésif servant de zone de dépôt. On récupère nos bagages qui sont chargés sur le toit d'un 4x4 et en route vers le bureau de l'agence puis notre hôtel situés à 15 minutes.

On dirait que l'on a changé de pays ! Ça n'a véritablement rien à voir avec le reste de la Bolivie. Il fait chaud, humide, les routes sont boueuses et même les habitants n'ont pas les mêmes traits de visage que les boliviens rencontrés jusqu'à présent. Je mets au défi quiconque, de reconnaître la Bolivie dans ce paysage. Une facette de plus de la variété de ce pays.

L'hôtel "Paresozo" est un bon point de chute avec sa grande terrasse sur laquelle, tables et chaises, invitent à boire un coup. Après une promenade dans la ville, un passage à la pharmacie pour acheter plusieurs répulsifs pour moustiques, et quelques victuailles que nous emporterons, on rentre, on mange puis nous nous couchons pour être en forme le lendemain.

Départ le matin pour la pampa, un lieu inconnu dans lequel on ne sait pas trop à quoi nous attendre...

Un gros 4x4 vient se stationner devant notre hôtel... Se doit être pour nous. Nous ne voyagerons pas seuls, un groupe de 3 slovaques, nous accompagne. Un peu serrés, ça fera tout de même l'affaire. C'est parti pour 3 heures de route en direction de l'est. Rapidement, on comprend l'utilité de ce genre de véhicule : la route n'est plus qu'une grande piste boueuse.



Des ornières, des flaques, des bosses... Le 4x4 est vite recouvert de ce mélange d'eau et de glaise. Une pause pipi, puis une autre pour observer un paresseux qui descend tranquillement le long du tronc d'un arbre bordant la route.



Un autre animal attire notre attention : il s' agit d'un caipibara, une sorte de grosse marmotte, appartement à la famille des ratons. Il y en a beaucoup ici, et nous les croiserons souvent en train de manger de l'herbe fraîche à côté des points d'eau.



Le chauffeur s'arrête dans un petit village où nous retrouvons notre futur guide et notre cuisinière pour les prochains jours. On déjeune dans un restaurant où l'on peut contempler un magnifique toucan, des perroquets et même un petit singe.



Certainement un aperçu de ce qui nous attend. Sans tarder nous remontons à bord de la voiture pour couvrir les derniers 30 km nous séparant de notre point de départ, en bateau cette fois-ci. Il s'agit plus exactement de 2 longues barques, assez fines et ptofilées, équipées d'un moteur et maniables afin de remonter les multiples bras de rivière.



On charge sacs et vivres, puis on s'installe 2 de chaque côté, sur des petits sièges pliables. Les slovaques, avec qui nous n'avons pas vraiment "accrochés " prendront l'autre embarcation, et tant mieux. C'est un peu comme si nous avons notre tour privé, avec notre guide qui se prénomme Adali. On se retrouvera le soir sur le campement, mais chaque groupe a une table séparée et chacun aura son rythme. Mais pour le moment, nous voilà en train de naviguer sur les eaux maronnâtres, au milieu de la forêt.



On aperçoit les premières tortues, qui se réchauffent sur des branches d'arbres, puis de nombreux oiseaux : des "ceréré" avec leurs crêtes, leurs contours des yeux d'un bleu vif et leurs drôles de cris. Il y a aussi des espèces naturellement programmées pour la pêche comme les "patos... quelquechose" avec leurs longs cous et grands becs fins, véritables harpon, et les plus connus martins-pécheurs qui plongent à grande vitesse et arrivent à rester sous l'eau durant de longues secondes.



On avance, on s'enfonce toujours un peu plus dans cette végétation luxuriante. Et soudain, on aperçoit les premiers souffles de ces animaux uniques dans ces lieux : les dauphins roses d'Amazonie ! On en suit un, qui n'a pas l'air d'être dérangé. On est émerveillé, même si on ne le distingue que difficilement dans cette eau qui ne laisse rien transparaître. On est à l'opposé des eaux turquoises et limpides de la Polynésie.



Un peu plus loin, on voit des branches bougées... Puis on entend des petits cris... Oui, ce sont eux ! Les petits singes jaunes appelés ici "chichilos", vivant en groupes de 30 à 50 individus. Ils sont très mignons et surtout très curieux, au point de grimper à bord de notre barque, et n'hésitant pas à nous monter dessus dans l'espoir de trouver de la nourriture. Iloa et Nolan sont aux anges, ils aimeraient en garder un avec nous.





C'est donc avec les yeux qui brillent que nous rentrons au campement. Construit sur pilotis, sur les berges du Rio, il comprend un grand barraquement pour la cuisine et la salle de restauration. De là partent des ponts, tout en bois, pour rejoindre les différents bungalows, asssez jolis, où nous dormirons.



L'électricité est assurée par un générateur qui se coupe à 22h00, ce qui laisse suffisamment de temps à la cuisinière pour nous préparer de bons petits plats. Une première journée riche en découvertes, qui ne va pas se finir tout de suite. En effet, Adali nous propose de reprendre la barque un petit moment afin d'aller à la rencontre des caïmans et alligators qui grouillent dans ces eaux, le tout de nuit... Évidemment, on est partant ! Équipés de nos lampes, on part à la recherche des reptiles. Notre guide connaît parfaitement le coin et les animaux qui y vivent. Il imite à la perfection le cri des caïmans qui répondent à ses appels. Nous, nous faisons silence... Et nous prenons soin de garder les mains à l'intérieur de l'embarcation. Et puis, ça y est, on aperçoit les billes de couleurs rouges ou jaunes à la surface de l'eau. Ils sont là... Tout proche, se déplaçant sans faire de bruit, avant de disparaitre sous les herbes, branches et autres feuillages servant à leur camouflage. Laissons les tranquille, au moins jusqu'à demain, il est temps pour nous de se glisser sous nos draps.

Un nouveau jour se lève au milieu de nulle part... La nuit a été bonne malgré le bruit des animaux qui ont entrecoupé notre sommeil... Chouettes, oiseaux et autres sons non identifiés...



Après un copieux petit déjeuner, nous sommes prêts à reprendre note moyen de locomotion préféré. En effet, on se laisse porter, nous n'avons qu'à ouvrir nos yeux afin de repérer la faune locale. C'est très agréable.



Au programme du jour : promenade, pêche et chasse à l'anaconda ! Pour l'occasion, on nous prête une paire de bottes à chacun, les pointures correspondent à peu près (mas ou menos, comme ils disent...). On navigue jusqu'au moment où le guide coupe le moteur et se laisse glisser jusqu'au milieu d'un buisson sur les berges.



Quelques coups de machette suffiront afin de se frayer un chemin pour amarrer la barque. On peut descendre, mais en portant Nolan car c'est un peu trop profond pour sa taille, et il risquerait de remplir ses bottes. On arrive à la lisière d'un marécage... On marche prudemment dans les pas de notre guide. En effet, on suit à la lettre ses recommandations, ici, au milieu de ces hautes herbes, peuvent se cacher alligators et anacondas.... Mieux vaut ne pas poser le pied dessus. On est équipé d'un bâton afin d'avancer à tâtons.





Ici, c'est le paradis des moustiques. Nous sommes évidemment en manches longues et pantalon, et nous nous sommes aspergés de répulsif. Mais ce sont tout de même des milliers qui virevoltent autour de nous, dans l'espoir de trouver un petit coin de chair à manger. Nous faisons un petit tour afin de débusquer un de ces immenses serpents, mais en vain... Le niveau de l'eau est encore bien élevé, rendant la tâche plus difficile, les reptiles pouvant nager et se terrer plus loin et plus profondément. Tant pis, c'est une expérience à la fois effrayante et amusante. Nous regagnons donc nos barques afin de naviguer un peu avant de rentrer déjeuner.




Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons sur un campement où il n'y a pas âmes humaines qui vivent, et ce depuis un an. Nous sommes néanmoins accueillis par un chat, miaulant afin de nous faire comprendre qu'il a faim... Mais désolé minou, nous n'avons rien.

Ce qui attire notre attention, c'est le gigantesque caïman (plus grand et plus noir que les alligators) qui est sur la berge, à moitié sorti de l'eau. Notre guide use de sa technique et de sa ruse pour le faire sortir entièrement de l'eau, et que l'on contemple la "bête". Un sacré morceau de 5 mètres environ, pourvu d'une énorme mâchoire et d'une grande queue puissante. Il est impressionnant, et se trouve là, à quelques centimètres de nous...







Il ne lui faudrait que quelques minutes pour nous dévorer entièrement, mais nous sommes en sécurité sur un ponton. Quelle joie de voir ces créatures dans leur environnement naturel. En regardant autour de nous, on aperçoit 2 alligators qui nous encerclent. Ce campement à l'abandon semble être un bon refuge pour ces prédateurs...



Il est temps de partir... On déjeune, puis on repart assez rapidement. On se trouve un coin où le courant n'est pas trop fort, puis on sort les lignes. Un petit bout de poulet accroché au bout d'un hameçon, lui même suspendu au bout d'une corde de nylon enroulée autour d'une plaque de bois... Ce n'est pas du matériel dernier cri, mais ça devrait faire l'affaire. A la pêche ! On sait qu'il y a des pirahnas, mais encore une fois, le niveau élevé du Rio n'aide pas pour remonter ces poissons, certes aux dents acérées, mais dont la chair est comestible. Seules quelques toutes petites sardines se laisseront piéger... Dont une à l'actif d'Iloa, les autres au compteur du guide... Donc oui, 0 pour papa et 0 pour maman !



On remballe les gaules et on file en direction de la piscine naturelle, un endroit où 3 bras de rivière se rejoignent. Ici, les dauphins roses aiment traîner, et c'est souvent en groupe que l'on peut les apercevoir. On en voit un, puis deux... On leur lance un ballon et comme des enfants, ils viennent jouer avec. Ils le mordillent, puis disparaissent de nouveau sous les eaux marronâtres. C'est à ce moment que notre guide nous invite à nous mettre à l'eau...!?...?!! Le pire, c'est qu'il est sérieux ! Là où nagent les dauphins, c'est sans danger... Les mammifères nous protègent des caïmans, alligators, serpents, pirahnas et autres bêtes... Parait-il...

C'est donc sur parole, que nous enfilons nos maillots, enlevons nos t-shirts, et que les enfants chaussent leurs sandales d'eau. Peu rassurés, nous sautons à l'eau... Sauf moi... hihihihi... Avec le guide, restés sur l'embarcation, nous indiquons où se trouve les dauphins afin que les baigneurs nagent en leur direction. Puis... Xav se met à crier... Pas de panique, mais plus de surprise... :"Quelque chose m'a mordu le pied !" "Ahhh encore !" Le guide semble bien rigoler, j'en fais donc autant voyant que mon mari n'a pas l'air de véritablement souffrir... Il crie et rigole en même temps !




Ce sont les dauphins roses qui lui mordent les pieds ! Pour jouer et un peu aussi pour le goûter. Xav, contrairement aux enfants, n'a pas de sandalettes. Et à ses dépends, il n'a pas voulu m'écouter quand je lui ai conseillé de les mettre. Ceci dit, le guide s'était bien gardé de nous dire que les dauphins adoraient manger les pieds ! Sacré spectacle de voir Xav se débattre au milieu de cette rivière. Les enfants quant à eux nagent ou flottent accrochés à une bouée, admirant les dauphins qui viennent respirer à la surface, juste à côté d'eux. Extraordinaire... Il y en a même un qui s' en va en nous gratifiant d'un spectacle : en marche arrière sur sa puissante queue, il nous montre son torse et et sa joyeuse tête, comme pour nous dire au revoir.





Splendide moment qui restera longtemps dans nos souvenirs. Le retour au camp se fait dans le calme, à observer les oiseaux. Une superbe journée qui se termine autour d'un bon repas et d'une bouteilles vin. Une dernière nuit ici, au milieu de cette jungle. Et un dernier réveil... A 05h00 du matin. Il fait encore nuit, le faisceau lumineux de notre frontale attire chauve-souris et autres insectes. Dans le grand arbre, un hibou hulule, dans l'herbe des animaux non identifiés chassent... La vie nocturne semble être en pleine effervescence. On rejoint notre guide pour partir voguer non loin de là, avec le moteur éteint afin d'écouter la nature...



Et le réveil de ses habitants avec les premières lueurs du soleil. Un moment de communion, personne ne parle, même pas les enfants. Est ce que cela est du au fait que nous sommes mal éveillés ou encore un peu endormis ? Je ne crois pas, seulement l'envie de faire partie de cette nature sauvage, sans la déranger. Un long moment de calme avant le retour au camp pour grignoter pain, beignets à la banane et autres gourmandises. Une dernière ballade sur la rivière pour dire au revoir aux singes, crocos, tortues, oiseaux et dauphins.



Un dernier déjeuner et vient le moment de charger nos sacs et de remonter la rivière jusqu'à notre point de départ, 3 jours auparavant. Nous sommes un peu mélancoliques, et le retour en 4x4 nous paraît bien long. Les enfants ont dormi, nous on a regardé par la fenêtre cette piste encore plus chaotique qu'à l'aller, et le paysage qui défile. L'excitation du début a laissé place au calme caractéristique des voyages de retour, quand on sait que l'on a passé un bon moment et que l'on va retrouver le quotidien. Mais nous, notre quotidien est loin d'être une routine, alors le moral se regonfle à bloc. Surtout qu'à notre arrivée à l'hôtel, on retrouve 2 familles françaises déjà croisées à La Paz. L'hôtel se transforme vite en café parisien, ou plutôt en bar étant donné l'heure. On est content de se retrouver et d'échanger sur ces jours passés en forêt. Les 8 enfants s'entendent à merveille et semblent avoir envahi les lieux. Douche, apéros, repas tous ensemble et au lit, car demain, on part pour la Selva...


Second chapitre de cette aventure en Amazonie...


La Selva, ou la partie plus sèche de la forêt. En gros, c'est la jungle comme on l'imagine : dense, constituée de très grands arbres, étouffante par sa chaleur et son humidité, et bien sûr, ses bébêtes. Pour nous y rendre, on monte à bord d'une embarcation, directement au départ de Rurrenabaque. Ici la rivière est animée par un très fort courant, charriant des branches et même des troncs d'arbres. Les bateaux, dont le nôtre, qui souhaitent se rendre en amont, longent les berges afin de s'aider du contre courant, et les fois où il faut traverser le rio pour rejoindre l'autre côté, on se rend vite compte de la force du torrent. Les moteurs sont tout juste assez puissants, lorsque nous sommes pris au milieu du fleuve, nous faisons du sur-place, voire nous reculons. Drôle d'impression... La navigation est donc relativement dangereuse, et c'est pourquoi nous sommes tous équipés d'un gilet de sauvetage. Les pilotes, avec leur expérience savent ce qu'ils font et connaissent les trajectoires appropriées. Il nous faudra un peu moins d'une heure avant de débarquer sur une rive de terre boueuse, aux portes du parc Madidi.



A quelques minutes de marche, avec notre gros sac (nous n'en avons pris qu'un seul pour l'occasion afin de nous éviter justement une marche trop lourdement chargés), vit, en autarcie, une communauté.



Notre guide qui se prénomme Valdemar, y habite avec sa mère, ses frères et soeurs, un peu éloignés du village. Nous arrivons donc après avoir franchi un cours d'eau, sur un tronc en équilibre, notre campement pour ces 3 jours et 2 nuits. Une grande table abritée par un toit en paille, à côté une case servant de cuisine, à l'extérieur 2 bassines d'eau pour la vaisselle, et de l'autre côté une grande cabane en bois proposant 4 petites chambres et une salle wc et douche. On ne va pas se mentir, c'est très sommaire... Tout autour un jardin avec des arbres fruitiers et des palmiers, le garde manger.



D'ailleurs, l'une de nos premières missions (on est là pour participer) sera de monter dans l'oranger afin de secouer énergiquement ses branches et ainsi faire tomber les fruits. Xav monte dans l'arbre grâce à une échelle de fortune, puis secoue de toutes ses forces. Nous, en bas, on essaye de rattraper au vol les oranges avant qu'elles ne s'abiment de trop en touchant le sol. Ceci-dit, c'est pour préparer un jus, donc si on en manque quelques unes, ce n'est pas bien grave. On se rafraîchit donc avec le brevage, coupé à l'eau afin d'en obtenir une plus grande quantité.



Deuxième activité, aller couper un tronc d'arbre en bûches afin que la cuisinière puisse allumer son feu. Quelques coups de hache plus tard, tout le monde rapporte les bûches qui serviront pour les prochains jours.




On laisse la cuisinière et sa fille à leur fourneau, et nous, on entame une marche afin de se ballader et de s'apprivoiser à ce milieu assez hostile dès les premiers pas. Les moustiques sont partout, et il faut faire attention à tout : là où nous mettons nos pieds, mais aussi et surtout nos mains. Nous avons été prévenus, il y a des bêtes type serpents, araignées, abeilles, mais il y a aussi des plantes urticantes, des troncs couverts d'épines, des branches dans tous les sens...



Pour preuve, ici tout le monde a tout le temps une machette à la main... Ce n'est pas pour rien. On avance donc, lentement, sur un petit sentier, en faisant attention. Nous sommes coupés dans notre élan car une grande marre nous barre le passage. Il a plu récemment rendant l'accès plus difficile. 2 solutions s'offrent à nous, soit contourner et attendre que Valdemar ouvre une nouvelle voie grâce à son coupe-coupe, ce qui prendra un certain temps, soit on se déchausse on remonte notre pantalon pour traverser... Bon... Bahh... Xav quitte ses baskets et ses chaussettes et se retrouve donc pieds nus dans la jungle. Avec prudence, et en faisant la grimace, il enfonce les pieds dans cette marre de boue... On ne sait pas vraiment sur quoi il marche, un mélange de vase et de feuilles... Beurk... Gentleman, il nous portera de l'autre côté afin de garder nos pieds au sec.



On peut donc continuer, et écouter notre guide nous présenter les vertues de telles et telles plantes : celle-ci en infusion, celle-la en friction, ... Il nous indique un arbre qui a la particularité d'avoir une sève qui, une fois dans l'eau, chasse l'oxygène. Les poissons ne pouvant plus respirer, remonte à la surface et ainsi peuvent être capturés. Nous n'avons pas testé la véracité de ces propos mais le croyons sur parole. Nous arrivons dans une partie de la forêt plus dégagée, normal, nous sommes sur les bords d'une rivière. Avec la pluie, le niveau est assez élevé, et pour continuer nous devons la franchir. Étant donné que nous ferons une grande rando demain, qu'il faudra repasser par ici, nous décidons d'un commun accord de rebrousser chemin pour retourner au camp. Rebelote pour Xav qui devra de nouveau quitter ses chaussures pour traverser la marre. Ici, tout est humide et à du mal à sécher, les vêtements comme les pieds.

On découvre nos chambres face à face l'une de l'autre. Un lit, avec une moustiquaire suspendue au plafond, et c'est tout. On ne s'attendait pas non plus à un 5 étoiles... Petit brin de toilette avant de passer à table. Un repas simple, sans prétention, qui fait du bien. Et le tout, éclairé à la bougie... Presque romantique ! Le repas finit, Valdemar nous propose d'aller à la rencontre d'une tarentule. On n'est pas vraiment fans de ces bestioles, mais la curiosité l'emporte largement. Nous n'avons pas besoin d'aller loin... Il y en a une qui a installé sa toile dans le palmier à quelques mètres. A l'aide de la lampe torche, nous éclairons cette grosse araignée velue... Brrrr... On va la laisser là où elle est ! On la préfère ici que dans notre chambre ! La tarentule est connue pour sa taille mais aussi pour sa dangerosité, si par malheur elle nous mord, la douleur serait intense et il serait indispensable de se rendre au plus vite à l'hôpital. Tant que faire se peut, on va éviter.



On gagne nos chambres, peu rassurés car pas vraiment acclimatés à cet environnement. Nous passerons tout de même une bonne première nuit.

Le lendemain, il fait jour et la pluie tombée durant la nuit a cessé. On prend le petit déjeuner avant de partir visiter le village de la communauté. Sur le chemin, on goûte des fèves de cacao (on connaissait déjà) mais aussi les fruits "queue de singe". De petites boules assez douces en goût qu'il faut sucer mais pas avaler. Elles sont renfermées dans des gousses en forme de queue de singe, et ces derniers raffolent de ce fruit. Une nouvelle decouverte gustative à notre actif.



Nous arrivons à l'entrée du village, en longeant l'école. Il y a d'ailleurs un cours qui s'y déroule quand nous y passons, tout en essayant de ne pas distraire les élèves. Mais c'est raté, leur attention a dévié du tableau vers la fenêtre, ils ne doivent pas voir des "blancs" passés très souvent par là !

Avec la permission du professeur, nous entrons dans la classe afin d'échanger avec ces élèves âgés de 4 à 9 ans, en classe mixte. Ils travaillent en groupe, sur un sujet autour de "El dia del mar", un autre étudie les maths sur le tableau.

Cet échange me rempli d'émotion, me rappelle le temps où j'enseignais. Les élèves sont à la fois timides de nous rencontrer puis après plusieurs regards et sourires échangés, la glace se brise.

On discute avec le maître, Iloa fabrique un avion en papier puis une cocotte pour les enfants, qui sont ravis.

Un certain chahut s'installe avant que l'autorité du professeur reprenne le dessus. On comprends qu'il est temps qu'on s'en aille. On remercie la classe pour ce moment de partage très sympa, puis on s'éclipse.



On continue au travers du terrain de foot à moitié tondu, pour arriver près de la rivière. Notre guide nous explique qu'une trentaine de familles vit ici, tout ça en nous ouvrant de petites noix de coco afin de nous rafraîchir avec leur eau.



Cet après midi Valdemar devra travailler pour la communauté, notamment aider à la construction d'un pont. Il ne pourra donc pas nous emmener faire la rando, ce sera donc son frère Jamon qui nous guidera. On décolle pas tard dans la matinée, et la fille de la cuisinière âgée de 13 ans, nous accompagne pour cette randonnée de 5 heures environ. Xav espère rencontrer des serpents et autres animaux de la jungle, Iloa elle, pas forcément depuis l'épisode du Costa Rica.

Nous reprenons le même chemin que la veille, et bien qu'il semble y avoir un peu moins d'eau, on retrouve vite le même obstacle, à savoir cette marre qui coupe le chemin. On sait déjà comment ça va se finir... Nous arrivons donc sur les bords de la rivière avec les chaussures encore sèches. On peut y observer des empruntes de jaguar... Mais malheureusement nous ne les apercevrons pas, car actifs essentiellement la nuit. Nous faisons une hâlte à l'endroit même où nous avions fait demi tour la veille. Jamon prend le temps de nous montrer comment fabriquer un sac, ou plutôt un porte-bouteille, grâce aux écorces d'arbre servant de corde et aux feuilles habilement tréssées.



Maintenant l'épreuve consiste à traverser le cours d'eau. Il y a bien quelques grosses pierres dépassant à la surface, mais elles sont un peu trop éloignées et on risquerait une chute. Jamon, avec l'aide Xav déplace un gros tronc afin de le mettre en travers du courant. Une poutre est désormais en place, il ne reste plus qu' à trouver notre équilibre, aidé d'un grand bâton sur lequel nous pouvons nous appuyer. Ça passe même si l'inévitable finit par arriver : nos semelles sont mouillées.



De cet endroit, commence la forêt profonde, dans laquelle on s'enfonce. Les moustiques sont bien présents et nous le font savoir. On monte le long d'un chemin, parfois rafraîchit à grands coups de machette. Jamon, comme son frère, connaît parfaitement les arbres et les plantes de cette jungle. Il est sans cesse en train de nous indiquer les vertues médicinales, de nous montrer la particularité de tel arbre, de nous différencier les lianes contenant de l'eau potable des autres, etc... On grimpe, il fait sombre au milieu de cette nature luxuriante.



Et enfin, on arrive au sommet, au mirador afin d'admirer l'étendue verte, recouvrant tout sur son passage, excepté le rio qui serpente au milieu.



On boit un coup avant d'attaquer la descente qui s'avère presque plus dure, étant donné le sol glissant. Nous finirons tous, au moins une fois, les fesses dans la boue. A un endroit, notre guide nous conseille même de passer en courant... Une variété d'abeilles aime se coller aux imprudents qui osent pénétrer sur leur territoire. On s'exécute sans poser plus de questions, et malgré nos précautions, Jamon en retrouve une sur la chemise de Xav. Sans danger, il la retire tranquillement, puis nous reprenons notre chemin. Quelques franchissements de cours d'eau terminent de mouiller nos chaussures, on en est arrivé au point que maintenant on ne se préoccupe même plus d'éviter les flaques. Quand on rejoint le campement vers 14h, on est sale, mouillé et on ne doit pas sentir très bon. On est content d'être arrivés et sortis de cet enfer vert. On n'aura pas vu de serpents... Tant pis, il y a des choses que l'on ne commande pas. Un bon repas nous attend pour nous requinquer.

L'après-midi sera plus tranquille, consacrée à de l'artisanat local. Quelques rayons de soleil nous permettront de mettre à sécher nos affaires, pendant que l'on confectionne des bagues en noix de coco. Ce sont de toutes petites noix, très solides, qu'il faut pourtant scier comme on peut. Puis, il faut ôter la chair, et les poncer sur une pierre plate avec un mélange d'eau et de terre pendant de longues minutes. Une fois la bague de la bonne largeur, et bien polie, une dernière opération consiste à la faire briller à l'aide de cendres et d'un bon coup de chiffon. Nous sommes très contents du résultat obtenu, tout le monde à la sienne. Je repasse la bague au doigt de mon mari, une nouvelle alliance en remplacement de celle laissée avant notre départ.



Afin de finir l'après-midi atelier, la maman de Valdemar et Jamon nous rejoint. Une dame d'un certain âge, dont le tissage et tressage de feuilles de palmes n'a plus aucun secret. Son aide est plus que la bienvenue pour la confection d'éventails. Les filles s'en sortent très bien étant donné la complexité de l'exercice.






On mange un bout, on va jeter un coup d'oeil à la tarentue histoire de se refaire quelques frissons, puis on s'installe sur un lit pour regarder un petit dessin animé. On est bien, tous serrés sous la moustiquaire, à nous tenir chaud.

Le générique de fin défile sur l'écran, il est temps que chacun regagne son lit. Mais là... SURPRISE ! Mais plutôt du genre mauvaise surprise... J'aperçois une tarentule au dessus de la porte de la chambre. Ahhhhhh ! On reste un moment figé... Le temps s'arrête quelques secondes. Les cris d'Iloa nous ramènent vite à la réalité. Xav sort avec elle, passant sous "madame grosse araignée", pendant qu'avec Nolan nous la gardons à vue, en espérant qu'elle ne se rapproche pas de nous. Xav appelle Valdemar afin qu'il intervienne. Voyant, et surtout entendant la détresse d'Iloa, il ne tarde pas à sortir de sa chambre pour nous rejoindre. Il tente, en vain, de raisonner notre fille, en lui expliquant qu'elle ne risque rien et que les araignées sont ici chez elle et font partie de la nature. Mais vu l'effroi de la jeune fille, et tout à l'inverse, le mutisme de son frère, Valdemar n'eût d'autre choix que de tuer la bête avec un grand bâton. Même après cela, les enfants ont eu du mal à retrouver leur calme, et il a fallu que nous dormions tous les 4 dans le même lit afin de les rassurer. On a finit par trouver le sommeil, non sans mal, enfin sauf moi...

Dernière journée en Amazonie. Au fond de nous, je crois que cela convient à tout le monde et d'autant plus après l'épisode de cette nuit.

Au programme de la matinée, une promenade en bateau jusqu'à l'entrée du parc Madidi, au delà de la montagne percée.



Pas de nouvelles découvertes de plantes ou d'animaux, juste un aller-retour sur le fleuve dont le courrant est toujours aussi fort. On déjeune tous ensemble, puis vient l'heure de remercier Jamon pour les bons moments passés en sa compagnie, et pour son aide à la création de bagues et colliers. On repart avec Valdemar qui nous ramène jusqu'à Rurrenabaque, où nous passerons la nuit.

Nous retrouvons notre hôtel "Paresozo", où nous savourons une bonne bière, et surtout une bonne douche chaude. On enfile des vêtements confortables et surtout, secs. Que ces moments sont bons après avoir vécu cette aventure. Une bon dîner et une grosse nuit dans un lit douillet. Demain, on reprend un petit avion qui nous ramène dans la grouillante ville de La Paz, laissant derrière nous une formidable expérience dans la forêt amazonienne.


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