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elomariette

Tupiza, Sud Lipez, Salar de Uyuni...


La Bolivie possède de nombreux coins charmants que nous découvrons au fur et à mesure de notre avancée. Mais il en est un, en particulier, que nous attendons avec impatience. Le grand sud, proche de la frontière de l'Argentine et du Chili, en traversant la réserve nationale de faune andine Edouardo Avaroa et en remontant le célèbre désert de sel de Uyuni, que nous rejoignons en bus.


Il existe de nombreuses agences, au départ de Uyuni ou bien de Tupiza, proposant d'effectuer ce grand tour, généralement sur une durée de 4 jours et 3 nuits. C'est l'option que nous retiendrons, avec en prime avant le départ, une ballade de 3h à cheval dans le Sud Lipez. Nous avons retenu l'agence Tupiza Tour, bien connue dans la place, et qui nous a proposé un tarif attractif et surtout la possibilité d'entrer dans la réserve. En effet cette dernière vient de rouvrir, et les conditions d'accès sont très limitées et désormais soumises à un test PCR négatif. N'ayant pas vraiment envie d'effectuer un nouveau test, coûteux et, paraît-il, douloureux (le personnel partiquant les prélèvements n'étant pas vraiment formé), l'agence nous propose de s'occuper de cette formalité, à "la bolivienne". Nous leur transmettons nos tests réalisés au Costa Rica, ils s'occupent du reste... Une solution qui nous convient bien...

Pendant que l'administratif et la logistique se mettent en place de leur côté : prévoir où dormir, la nourriture, la cuisinière, l'essence nécessaire, le guide, etc... Nous, nous partons jouer aux cowboys. Un chauffeur nous dépose à quelques kilomètres de notre hôtel, le long d'une prairie dans laquelle 4 chevaux broutent paisiblement. On descend les selles, les étriers, les rennes, les bombes et les chapeaux. Maintenant, l'exercice consiste à atteler les chevaux...

Pas si facile... Bien que 3 se laissent faire sans sourciller, le quatrième quant à lui en a décidé tout autrement. Dès qu'on l'approche, il se met à galoper, faire son beau, et recommencer. Toutes les techniques sont bonnes pour essayer de l'attraper : herbes fraîches cueillies, approcher avec son copain quadrupède, le capturer au lasso, ... C'est amusant de les voir batailler. Ce petit "jeu" aura tout de même pris une bonne demi heure avant, qu'enfin, nous puissions monter sur nos partenaires de promenade. Tels de fiers cavaliers, nous voilà partis le long de la vieille voie ferrée avant de bifurquer sur la gauche en direction de "la puerta del diablo". Nous avançons au pas, apprivoisons nos montures, et entrons dans un paysage plus rocailleux au milieu des montagnes. Les seules plantes qui poussent ici, sont de drôles d'arbustres produisant des fruits qui ressemblent à s'y méprendre à des cacahuètes. Attention, ceux-ci ne se mangent pas. Nous arrivons donc à la fameuse "porte du diable", un pan de roche verticale rappelant un peu "Monument Valley", résultat de l'érosion, du vent et de la pluie. Une petite pause pour escalader et se dégourdir les jambes et les fesses...



On est des cowboys, oui, mais débutants. Notre cuir fessier n'est pas encore tanné et nos jambes pas suffisamment arquées... On remonte tout de même avec plaisir, le bonheur d'être là seuls au milieu de ces falaises, effaçant tout de suite l'inconfort de notre moyen de locomotion. On s'essaye au trot, ce qui nous fait beaucoup rigoler. Nolan, sur son cheval tenu par le guide, est secoué de tous les côtés, sa bombe tombant sur son visage, mais on entend tous ses éclats de rire. On arrive dans le canyon, tels des cavaliers expérimentés, afin d'offrir à nos montures un peu d'eau fraîche et une halte méritée. Nous, on remonte un peu le cours d'eau, on escalade quelques rochers, pour arriver au pied d'une petite cascade. On joue, on prend des photos, on admire le paysage tout en surveillant le ciel car un orage gronde au loin.



Il passera plus loin, nous épargnant de ses gouttes. Il est l'heure du retour, cela fait déjà plus de 2h que nous sommes partis, et il reste une bonne heure pour rentrer au bercail. On repart en trottant, et c'est toujours aussi amusant.



La cavalcade avance bon train, seul Xav est un peu en retard sur le peloton, son cheval traîne en route, prenant son temps et arrachant toute forme d'herbes ou de feuilles sur le passage. On traverse un petit village plus ou moins abandonné avant de retrouver le chemin de fer, que nous suivons de nouveau pour atteindre les écuries.

Un peu fourbis, nous remercions les équidés, le guide et nous rentrons à l'hôtel pour déjeuner, se doucher, et nous reposer avant le grand départ, tant attendu, demain matin.


07h30, salle de restauration de notre hôtel. Nous choisissons parmi le buffet de petits pains, de quoi sera constitué notre petit déjeuner. Il y a un couple, Marie la française et Liam son compagnon anglais, et une autre personne, un jeune français prénommé Mathis. Ils partent en même temps que nous ; l'équipe sera donc composée de deux 4x4, donc 2 chauffeurs, une cuisinière et 7 touristes, dont une très grande majorité de gaulois.

Nos sacs sont déposés sur la galerie du toit, à côté de la bouteille de gaz et des bidons d'essence, puis recouvert d'une épaisse bâche de protection, solidement attachée. Tout est prêt, nous faisons connaissance de nos guides-chauffeurs et de notre cuisinière avec qui nous allons passés les 4 prochains jours ensemble, 24h/24.



Nous savons que cette première étape sera une longue journée de route, mais peu importe, on est plein d'enthousiasme. Nous laissons Tupiza et des routes derrière nous, pour vite emprunter des pistes de terre, qui sera notre quotidien pour les prochains jours. On roule au milieu des montagnes, puis on attaque leur ascension. Notre 4x4 n'est pas une dernière génération, un peu bruyant, moyennement confortable, mais il fait le boulot. Le chauffeur et la cuisinière devant, nous les parents à l'arrière et les enfants, au fond avec leurs sacs à dos à côté d'eux. La voiture est bien chargée, nous avons nos affaires, on espère que eux, ont pensé à tout le reste.


On monte en altitude, on roule sur les crêtes pour arriver à un premier stop : le Sillar. Une énorme formation de pierres, terre et sable donc relativement friable dessinée par les saisons sèches, puis pluvieuses et balayée par le vent.


On peut s'enfoncer, grimper, marcher autour de ces grandes "cathédrales" naturelles, hautes de plusieurs dizaines de mètres. Il fait chaud et sec, la poussière et le sable volent au vent, un peu comme dans un western.



En voiture, la route est encore longue. Nous croisons, enfin, et en nombre, les beaux lamas boliviens. Ces créatures, cousins des dromadaires, sont très nombreux dans la région. Ils vivent en troupeau, et afin que les familles retrouvent leurs bêtes et ne les confondent pas avec ceux des voisins, ils leur accrochent des bouts de laine colorés aux oreilles. Vous l'aurez compris, une couleur par famille. Ainsi, ils sont très beaux, et ils doivent le savoir. En effet, à chaque fois que nous passons à côté d'eux, ils dressent leur long cou, pour un port de tête fier et droit, avant de détaler. Nous nous arrêtons au milieu d'une grande colonie, afin de les approcher de plus près. Les enfants sont conquis, et comme les bêtes ne se laissent pas caresser, et bien, on leur courre après.

C'est exquis de les voir pêtre, il y en a des tout blanc, des marrons, des noirs et des bicolores.


De nombreux jeunes lamas jouent au milieu des parents, ils ont l'air tellement doux ! "On peut en adopter un ?"... Zut, y'a plus de place dans la voiture... Alors en route ! Avant de s'arrêter quelques kilomètres plus loin pour déjeuner, nous pouvons observer leurs cousins, sauvages eux, les vigognes.


Leur laine semble moins épaisse, et ils sont tous bruns et blancs.

Pour le repas du midi, notre cuisinière se met en action. Nous avons le temps de faire un petit tour dans ce village nommé Cerrillos. Une centaine d'habitants au max, vivant dans ces maisons construites en terre et torchis. Nous ne croisons pas grand monde, peut-être se méfient ils des touristes, pourtant très rares ces derniers temps. Un bon repas copieux, avec menu végétarien pour moi, nous requinque.


On prend le temps d'échanger avec les passagers de l'autre véhicule, de faire connaissance. Les 2 voitures se suivent, ce qui est sécurisant, car on ne croise personne et les villages sont rares et mal approvisionnés.

Il faut repartir, la route bien que longue, se fait bien et dans la bonne humeur. Un coup on écoute la playlist de Wilmer, notre guide, puis c'est au tour de Janeth la cuisinière et puis nous aussi évidemment. Les variétés musicales s'enchainent, du bolivien, du français, de l'international, du rap au rock, du punk à l'électro. Nous montons jusqu'à 4690 mètres d'altitude quand nous atteignons San Antonio de Lipez, et quelques minutes après, le village en ruine. Le temps a changé, le ciel s'est un peu assombrit, il ne fait pas chaud. Cela donne une atmosphère particulière quand nous traversons à pieds ce village, dont seuls quelques murs tiennent encore debout. Les seuls habitants que nous croisons sont une sorte de gros lapins avec des queues d'ecureuils, très véloces et faisant des bonds incroyables. Selon la légende, le diable est venu ici, les habitants ont fuit et les imprudents ayant voulu rester, ont été transformés en ces lapins. Ne nous attardons pas trop... On ne veut pas être changés en rongeurs.


Les voitures avancent, les paysages changent, offrant une véritable palette de couleurs sur ces montagnes à perte de vue. Un premier grand lac fait son apparition à la sortie d'un virage, c'est grandiose.


Nous voilà maintenant à l'entrée de la réserve Edouardo Avaroa, le chauffeur descend pour les formalités administratives, que l'on espère en bonnes et dues formes.

Après quelques minutes, on nous demande de descendre du véhicule... Un problème ? ... Non, nous devons nous soumette à la douche à l'eau de javel. Un bonhomme tient sur son dos un gros bidon sur lequel un pulvérisateur est accroché. Tour à tour, nous devons nous présenter face à l'homme qui nous asperge de la tête aux pieds de son produit. Puis c'est le tour de nos chaussures et nos semelles... C'est bon, on peut remonter à bord. Un dernier coup de pompe afin d'arroser les pneus de la voiture et nous pouvons circuler. Bien que nous ne croiserons que très peu de populations locales, on ne peut pas leur reprocher d'essayer de se protéger contre cette saleté de Covid. Quant à l'efficacité de leur méthode... Nous ne jugerons pas. On a le droit de passer, et c'est là le plus important ! Le soleil est très bas, la lumière diminue lorsque nous arrivons à notre destination Quetena Chico. C'est ici que nous dinerons et dormirons. Pendant que Janeth s'affaire en cuisine, nous prenons possession de nos chambres.

Rudimentaires, 4 lits simples avec de grosses couvertures (il doit faire 0°c dehors), et au bout du couloir un wc et une pseudo douche en commun. On a été avertis, et préparés, il est fort probable que nous n'allons pas nous laver durant ces 4 jours.


Bizarrement, on nous sert un goûter composé de thé de mate et de biscuits secs... C'est pourtant plutôt l'heure de l'apéro... Nous, on a prévu ce qu'il fallait, à savoir quelques bières et une bouteille de vin blanc. Donc petite collation, le temps de quelques parties de Uno entre français, avant que le dîner soit servi. C'est encore une fois bon et copieux, et ce sera ainsi durant toute notre escapade. Les chauffeurs ne partageront pas notre table, ils ont dû avaler un morceau en catimini et partir se coucher, certainement fatigués des 9 heures de routes au compteur de la journée. Nous aussi, on ne traîne pas et partons au lit dans la foulée.


07H30, il est l'heure de se lever. La nuit bien que fraîche, fût plutôt bonne. C'est avec le même enthousiasme que la veille que nous attaquons cette journée. Petit déjeuner à base de pain, beurre et confiture et accompagnés de thé ou café, bref l'essentiel pour nous sustanter. Le second véhicule doit changer de pneu, car crevé. Donc roue de secours en place, sacs sur la galerie, et nous voilà repartis. Au programme, un peu moins de route, mais encore (voire plus) de sublimes paysages.



Il ne faudra pas longtemps pour confirmer ces dires. Au détour du chemin, nous arrivons aux premières lagunes.

La laguna Hedionda se révèle, tél un miroir reflétant la montagne. Le soleil chauffe, nous prenons le temps de faire une ballade au bord du plan d'eau, seuls au milieu de cette nature.

Les paysages de montagnes, plaines et lagunes s'enchaînent, le 4x4 avançant sur cette piste qui s'infiltre toujours plus profondément vers le Sud, en direction du Chili. Nouvel arrêt au salar de Chalviri. Ici, on peut marcher sur une croûte blanche, qui contrairement à son grand frère le salar d'Uyuni, n'est pas du sel à 100%. Les villageois du coin y ramassent du bicarbonate de sodium afin de le vendre sur les marchés. Parfois, on a l'impression de s'enfoncer, et la peur de passer au travers de cette fine pellicule se fait grandissante.



Vite en voiture pour continuer jusqu'aux sources thermales. On arrive sur un parking aménagé, une maison, une grande salle de restaurant vide et 2 bassins d'eaux fumantes. En temps normal, l'endroit est pris d'assault, et il faut s' acquitter de 20 bob pour avoir le droit de se baigner. Mais ça, c'est en temps normal... Il ne nous faut que quelques minutes pour enfiler nos maillots et sauter dans l'eau autour de 30 degrés. Un régal quand la température extérieure est d'à peine 10°c ! On prend le temps de se délasser dans cette eau sulfurisée, de partager une bière avec nos pilotes et de contempler la vue sur les montagnes, parfois enneigées.



Pendant ce temps, la cuisinière cuisine, et nous concocte encore un délicieux repas : viande, riz, légumes. Tout le monde partage la même tablée, dévore, discute, se ressert jusqu'à finir la moindre miette. Ce ne serait pas l'heure de la sieste ? Non, pas vraiment, il faut avancer. On traverse le désert de Dali, là encore les couleurs sont étonnantes. Il y a tellement de nuances et la richesse de cette palette ferait rêver n'importe quel amateur de peinture.


Par contre la température baisse rapidemment, et nous fonçons droit vers un orage. C'est incroyables, en quelques centaines de mètres cette amplitude thermique. Il suffit de passer derrière une montagne pour entrer dans un nouveau couloir de vent et de nuages. Mais question décor, la suite est encore plus réjouissante. En arrivant à 4400 mètres d'altitude, une vue plongeante se révèle face à nous, sur la Laguna Verde, suivie de la laguna Blanca. Quel spectacle ! Et plus nous nous approchons, plus notre perception des couleurs change. Le jeu de lumière avec le soleil et les nuages est permanent. Ici les flamants roses ont élu domicile, et malgré l'insistance de Xav pour les faire s'envoler, rien n'y fait. Que ce soit les jets de cailloux ou bien les cris de drôles d'animaux, les oiseaux aux longues pattes sont bien chez eux, et rien ne les perturbe.


Tant pis pour la photo du vol des flamants... À quelques mètres se trouve le Chili, cette ligne imaginaire et pourtant réelle que l'on appelle frontière est "fermée". Mais il nous reste tant à voir en Bolivie ! On remonte, on continue d'avaler la piste avec la musique à fond. On croise des lamas, des vigognes mais aussi quelques autruches ! Et oui, c'est étonnant, on ne s'attendait pas à croiser ces grosses bêtes à plumes dans les parages. Au loin, on aperçoit de la fumée... Et on s' en rapproche... Il s' agit de notre prochain stop : des geysers. Ici, l'activité géothermique se voit, et se fait entendre. Une usine exploite ces vapeurs sortant sous pression des entrailles de la terre. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une région volcanique, bien que la plupart des grands cônes sont endormis depuis des années. On s'approche, l'odeur de souffre est prégnante. Les vapeurs sortent dans un bruit sourd, on sent sur nos visages et nos mains la chaleur du souffle. Un peu plus loin, on peut observer de l'eau et de la boue qui bouillonnent. On pourrait aisément faire cuire notre dîner.


Mais nous préférons avancer, à la recherche d'un véritable abri pour cette nuit, ce qui va s'avérer plus compliqué que prévu.

En effet, le premier village refuse de nous ouvrir ses logements, certains étant réservés aux employés de l'usine géothermique, d'autres étant tout simplement fermés et le resteront pour cause de Covid. On avance donc vers le 2nd et dernier village avant plusieurs kilomètres. Celui-là est situé au bord de la fameuse Laguna Colorada et son rose qui la rend célèbre. Nous, quand nous y arrivons, il fait gris, il fait froid, presque il neige. Les couleurs sont donc ternes, et ne nous nous attardons pas. Nos guides se démènent pour obtenir un accord afin que l'on puisse ouvrir un gîte pour y dormir. Ça y est, permission accordée après avoir montré tous les papiers en règle à la personne compétente. Faut dire, il n'y a pas foule, et le peu d'âmes vivant ici doit être au chaud à l'intérieur. Nos chauffeurs enfoncent la porte, c'est comme ça qu'il faut faire paraît-il pour entrer dans la bâtisse qui ne paye pas de mine. On organise le couchage, des chambres avec des lits sont disponibles, mais je vous passe les détails sur l'hygiène et la propreté. A quand remonte le dernier coup de balai ? Et le dernier lavage des draps et de couvertures ? Mieux vaut ne pas savoir... On installe tables et tabourets, on découvre des restes de nourriture, des os, bref tout un tas de saletés qui prouve bien que personne n'est venu là depuis un moment. La cuisinière s'empare de la salle de cuisson, petite et crasseuse, un lit y est installé ce sera donc aussi sa chambre. Heureusement nous profitons des dernières lueurs du jour pour nous préparer, car la batterie sensée être alimentée par de petits panneaux solaires ne fonctionne pas. Vous l'avez compris, cela veut dire que nous sommes sans électricité ! On dinera donc à l'aide de nos lampes frontales qui nous dépannent bien. Évidemment pas de douche ce soir non plus. On se contentera d'un brossage de dents, puis on enfile nos tenues de froids et on étrenne nos sacs à viande pour la première fois. On est bien content de les avoir, et depuis le temps qu'on les trimballe, il était temps de les sortir. Allez, emmitouflés sous les couvertures, on ne bouge plus, c'est l'heure : extinction des frontales et dodo !


Ce matin, on se lève un peu groguis. Il fait toujours froid, on s'habille donc en conséquence : jogging, t-shirt à manches longues, sweet à capuche et doudoune ! La classe ! Le petit déjeuner et surtout le café nous réchauffe, et nous donne le plein d'énergies dont nous avons besoin pour décoller avec la même et intacte envie de découverte. La musique et le groupe se met en marche, on débarrasse, on aide à remballer les ustensiles de cuisine, les victuailles, la bouteille de gaz, et enfin nos gros sacs à charger sur le toit, toujours abrités sous la bâche de couleur orange. En repartant, on refait un crochet par le mirador de la laguna colorada, qui a retrouvé de sa superbe. Mais c'est tout l'environnement qui a changé... Le sol est recouvert d'une couche de neige.


Wilmer, notre pilote, bien qu'il connaisse parfaitement le coin car effectuant ce tour depuis 15 ans, s'efforce de trouver la bonne piste. La neige donne à notre expédition une nouvelle saveur. On avance, presque à taton, jusqu'au premier arrêt de la journée : "El arbol de piedra" (l'arbre de pierre). Un rocher d'environ 3 mètres ressemblant, donc, à un arbre... En l'occurrence sous la neige. Ça tombe bien, une petite bataille de boule s'improvise, et bien que cela refroidit les mains, ça réchauffe le corps de faire les foufous.


Un peu plus tard, à bord de notre véhicule, on assiste à la percée du soleil au travers des nuages gris, s'éfilant et s'étirant de plus en plus, pour finir par craquer sous la force des rayons. La lumière surgit sur les montagnes, puis le sol, la chaleur se fait déjà ressentir. Impeccable pour approcher et apprécier la beauté du désert de Siloli que nous traversons. Cette vaste étendue de terres et de poussières nous permet d'appréhender pleinement la diversité de cette region du sud de la Bolivie, qui ne cesse de nous surprendre.

A la sortie de cette zone, s'enchaîne 4 lagunes : Honda, Charcola, Hedionda et Canapa. On longe de loin la première pour finalement rouler puis s'arrêter sur les berges de la troisième. On marche le long de la rive, les couleurs sont différentes des précédentes, et celle-ci abrite une communauté de flamants. Ils sont un peu moins rose que ceux vus la veille, certainement dû à leur nourriture.


C'est également ici que nous croisons un autre 4x4 arrêté... Nous ne sommes pas seuls ! Et devinez quoi... Et bien oui, une famille française : les "Meli-mélo world". Après un échange, comme toujours enrichissant, nous repartons chacun dans nos véhicules, chacun dans une direction opposée. La piste remonte en direction d'un mirador où nous nous arrêterons pour déjeuner. Il s'agit d'un point d'observation du Volcan Ollague, culminant à 5865 mètres ! Belle bête ! Et dont s'échappe une fumerolle, à son sommet, sur la gauche. Le décor, une fois n'est pas coutume, est inédit.

On se promène sur des roches volcaniques, dont certaines forment de véritables vagues de pierre dans lesquelles on peut se réfugier. Cela nous rappelle nos photos prises à Teahuppo.


On se défoule bien avant de passer à table et savourer les escalopes de poulets milanaise et aubergines fries pour les végétariens. Les conducteurs sortent de table avant nous, car ils doivent démonter le panneau de la portière afin de réparer ma fenêtre qui ne veut plus se remonter. Les boliviens nous montrent une fois de plus leur talent de bricoleurs. Parés au décollage, on remonte rapidement en voiture, une course entre les 2 véhicules s'étant mise en place. Pieds au plancher, on dépasse nos amis, néanmoins concurrents pour le moment. On regagne une route en bon état, ce qui a le mérite de soulager les pneumatiques soumis à rudes épreuves depuis le départ. Nous nous arrêtons dans un petit village de paysans qui cultivent le quinoa. Les plantations s'étalent sur des kilomètres, les fleurs pouvant être rouges, jaunes ou blanches donnent encore plus de couleurs dans cette toile. Gros producteur, mais pourtant nous n'en n'avons que très peu mangé jusqu'à présent... Il semblerait que la majorité de la production soit destinée à l'exportation, les boliviens préférant le riz, car bien moins cher.

Les champs s'arrêtent bientôt, nous roulons le long de la falaise et nous apercevons devant nous et sur notre droite le salar, le grand salar d'Uyuni.

Mais sa découverte se fera demain, nous nous arrêtons à ses portes, pour passer la nuit. Il n'est pas très tard lorsque nous arrivons à notre hôtel, un hôtel de sel. Les murs, les lits, les tables sont en blocs de sel. Cet endroit est bien plus accueillant que notre dernier refuge, et c'est bon pour le moral.


On prend le temps de s'ouvrir une bière, grignoter quelques gâteaux et partir se promener à pieds, en famille sur cette route toute droite s'enfonçant dans ce désert de sel, le plus grand du monde. Ce paysage tout plat s'étend sur 11000 km2, et il est composé d'un sel d'un blanc éclatant et de quelques îles que nous découvrirons demain. On contemple là, face à nous, l'assèchement d'un lac préhistorique, aujourd'hui exploité pour son lithium. On avance donc sur cette route, sur laquelle on décide de monter quelques cairns, histoire de s'amuser avant de retourner dans notre demeure. Comme chaque soir, on bavarde avec les acolytes du second 4x4, on joue aux cartes puis on passe à table. Au menu du soir : soupe aux frites, spaghettis bolognaise. Nos repas sont variés et plaisent à tout le monde, ce qui représente un bon défi pour notre cuisinière.

Ce soir, on se coucher plus tard. En accord avec nos pilotes, ceux-ci nous amènent à une dizaine de kilomètres dans le salar, ce qui est suffisamment loin pour effacer toute pollution lumineuse. On descend pour avancer sur cette croûte de sel, et observer le ciel étoilé. La voûte céleste est magnifique, les étoiles apparraissant par centaines de milliers, même la voie lactée se distingue parfaitement. Un spectacle dont on ne peut pas se lasser, ponctué par les étoiles filantes. Le top !

C'est donc des images plein la tête que nous regagnons nos chambres respectives, de 2 lits simples chacune, sans rechigner. Les hommes d'un côté, les femmes de l'autres, on se souhaite mutuellement une douce nuit.


5h00... Le réveil sonne. Ce levé a un goût particulier pour 2 raisons. La première, c'est que nous savons que nous entamons notre dernier jour de cette belle échappée. Le second, c'est que nous partons assister au lever de soleil sur le salar... WaoW ! On ne part pas très loin, comme la veille au soir, mais c'est suffisant. Il fait encore nuit, il fait un peut froid, mais nous sommes seuls dans cet espace. Parfois une fine pelicule d'eau recouvre le sol, mais nos baskets restent au sec. La luminosité augmente progressivement... Le salar se transforme peu à peu en un gigantesque miroir. On passe un long moment à prendre des photos, on a envie de capturer chaque instant, de le retenir tellement c'est beau.



Aucun filtre n'est appliqué sur notre appareil, les couleurs sont surréalistes. Une fois le soleil monté dans le ciel bleu, nous partons nous restaurer avant de prendre la route, au milieu de ce désert blanc. Il est possible de rouler pratiquement partout, mais il faut quand même être vigilant aux possibles trous. On trace, on file, on fonce vers l'infini ! On ne voit que les deux 4x4, et on distingue vaguement les contours d'une île au loin... C'est tout. Il paraît qu'en pleine saison, hors Covid, ce sont plus de 50 voitures qui circulent à cet endroit. Quelle chance on a d'avoir cette étendue rien que pour nous. On demande à Wilmer de s'arrêter afin de contempler l'immensité du désert. On est vraiment seuls, pas d'animaux, pas de flore, rien que du sel à perte de vue. On décide de monter sur le toit du véhicule afin de faire un bout de chemin en prenant de la hauteur.


On s'ennivre du vent qui vient gonfler nos poumons (d'ailleurs, pour info, on est encore à 3650 mètres d'altitude), un sentiment de plénitude et de liberté nous envahit. On a envie de crier un grand YEAHH !


Mais il faut regagner l'habitacle car nous approchons de notre destination : Isla Incahuasi. En langue Quechua, cela signifie "la maison de l'Inca". C'est une île perdue au milieu du désert. Une véritable île lorsque la pluie tombe et recouvre le salar, une île de corail, magnifique avec ses cactus géants qui la recouvrent. Des cactus qui ne grandissent que de 1cm par an, et dont l'un des plus grand mesure 12 mètres... On vous laisse calculer. On doit s' acquitter de quelques bolivianos afin de pouvoir jouir des wc, et surtout pour arpenter le sentier qui fait le tour de cette colline. Il fait très beau, et plutôt chaud. On monte au travers de cette drôle de végétation pour atteindre le sommet. De là, un panoramique à 360° pour admirer l'étendue du désert et ce blanc qui nous brûle les yeux.



On redescend, l'heure du déjeuné ayant sonnée. C'est notre dernier repas tous ensemble, mais on n'y pense pas, chacun ayant l'esprit divagant dans ce lieu hors du commun. On a le temps, on essaye donc de faire des photos rigolotes, avec un jeu de perspectives. On se rend compte, que ce n'est pas si facile. On tente, on adapte, on réessaye, mais le rendu n'est pas toujours celui souhaité. Le soleil tape, on n'a pas de crème solaire à porter de main, on va vite en faire les frais...



Mais pour l'heure, il est temps d'avancer, de partir en direction d'un hôtel de sel au milieu du salar, connu notamment par l'étape de la célèbre course du Paris-Dakar.


L'hôtel de sel est fermé, nous ne ferons que le tour sans pouvoir y entrer. Puis on découvre la statue érigée en souvenir du passage de la course automobile. Ici la couche de sel est plus fine, et des marres remplies d'eau créent des embûches. Xav en fera les frais, il mettra allègrement ses 2 pieds dans une flaque, rendant ses chaussures trempées.

Le tour touche à sa fin, nous quittons le salar en rejoignant la ville de Colchani. Nous y passerons un long moment d'attente car c'est un jour d'élections. Nos chauffeurs sont partis se renseigner pour pouvoir voter, car en Bolivie le vote est quasi obligatoire. Ceux qui ne votent pas peuvent avoir quelques soucis, comme par exemple un prêt refusé par la banque ou autres problèmes du genre. De plus, les routes pour regagner la ville d'Uyuni sont bloquées jusqu'à 18h, nous prenons donc notre mal en patience. Le village est désertique, on ne croise que très peu de monde, tous les commerces sont fermés, c'est vraiment un jour à part pour les boliviens.

Une dernière étape, une dernière attraction nous attend : le cimetière de trains. C'est un endroit où l'on peut se promener au milieu de vieilles carcasses rouillées de trains. On peut monter dessus, dedans, s'asseoir sur une cheminée, s'adosser à une roue... C'est amusant et ça donne de belles photos avec ce métal froid et oxydé dans ce ciel bleu.



D'ailleurs nous observons un étrange phénomène climatique : un arc en ciel, circulaire, s'est formé autour du soleil. Incroyable anneau solaire de couleurs, tél un oeil qui nous regarde depuis les cieux.


Ce sera une belle fin pour ce tour de 4 jours et 3 nuits durant lesquels nous aurons véritablement halluciné devant tant de beaux et variés paysages.

Notre recommandation : foncez les yeux fermés à la découverte de cette aventure en sud Bolivie.

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An'c Prugnieres-Gravellier
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