Nous revoilà dans l'avion, dans le vol à destination de Amman, capitale de la Jordanie. Ce pays du Proche-Orient est devenu rapidement un incontournable pour nous. Venant d'Égypte, il était si près (de l'autre côté de la Mer Rouge), et renferme entre autres, l'une des 7 nouvelles merveilles du monde. Mais c'est aussi un désert, la curieuse mer Morte, et de nombreux sites archéologiques. Une nouvelle étape de 15 jours dans notre tour, qui débute ici à l'aéroport. Nous avons achetés en ligne, au préalable, le "Jordan Pass". Il s'agit d'un billet électronique comprenant le Visa et l'entrée sur l'ensemble des sites touristiques du pays. Il existe 3 formules, en fonction du nombre de jours (1, 2 ou 3) que l'on souhaite consacrer à la visite de Pétra. Pour nous, ce sera 2 jours. Ces billets ne sont valables que pour les adultes, il faut donc acheter les visas pour les enfants à notre arrivée.
Une autre formalité, pas vraiment agréable, réaliser un nouveau test PCR au débarquement. Heureusement, tout est bien organisé : des petits stands sont installés avant le passage du contrôle aux frontières, avec à l'intérieur une personne en charge de réaliser les prélèvements. Ça se passe vite et sans douleur, les résultats seront à consulter sur un site Internet dans les 6 prochaines heures. Plutôt efficace ces jordaniens !
Ensuite direction la boutique de téléphonie pour acheter une carte SIM locale qui nous servira certainement, et enfin le loueur de voiture pour récupérer notre moyen de locomotion pour ces prochains jours. Ce sera une Mitsubishi de couleur rouge, avec une sorte d'aileron sur le coffre ! Ok, ça fera l'affaire, et de toutes façons, ce n'est pas nous qui choisissons le modèle... Les bagages ont vraiment du mal à être contenus dans le coffre, il faudra mettre les petits sac à dos à l'arrière avec les enfants. Sièges ajustés, rétroviseurs réglés, ceintures bouclées... En route, direction plein sud pour le désert de Wadi Rum.
Les routes jordaniennes sont plutôt en bon état, et la circulation se fait bien, sans encombre une fois sortie de la capitale. Nous traversons donc une grande partie du pays, essentiellement constituée de plateaux arides et désertiques, pour rejoindre après 4 heures de route, cette zone du sud. C'est ici, sur un parking public gratuit que nous laisserons notre carrosse, et que nous rencontrons notre contact local Bakir. Ce sera notre guide durant 3 jours dans ce paysage désertique comportant des falaises, des canyons mais aussi des dunes, grottes et arches naturelles. On a hâte de pénétrer plus profondément dans ces terres. On monte dans la benne du pick-up, un petit arrêt rapide à la supérette pour acheter de l'eau et des biscuits, et en route. La route disparaît très rapidement à la sortie du village, pour laisser place à une piste. La terre devient de plus en plus sablonneuse, l'aventure dans ces grands espaces commence. On croise de nombreux campements, de tailles modestes heureusement afin de ne pas trop dénaturer les lieux.
Puis, caché derrière un gros rocher, au pied d'une falaise, se dévoile notre futur logement. Un camp constitué d'une vingtaine de tentes comprenant des lits, un grand bâtiment ouvert pour les repas et la détente, une cuisine, un bloc sanitaire avec douche.
Et pour rester fidèle à nos précédentes excursions, nous sommes les seuls ! Nous prenons nos marques, tranquillement, car le temps semble s'être arrêté ici. L'heure semble être encore à la sieste, les cuisiniers et aides de camps sont allongés sur des coussins à l'ombre. Nous décidons de notre côté de partir faire un petit tour juste à côté afin d'escalader quelques blocs et profiter de la vue. Qu'on est bien dans ces grands espaces. Je crois que plus ça va, et plus on apprécie cette quiétude et cette liberté.
De retour au camp, on grimpe de nouveau dans le véhicule pour effectuer quelques kilomètres et retrouver un bédouin et ses chameaux (qui sont en réalité des dromadaires mais ici ils ne font pas la différence, et la dénomination commune aux camelidés est bien chameau).
Vous avez deviné, c'est bien une ballade sur le dos de ces drôles d'animaux qui nous attend. Chacun son destrier, sauf les garçons qui seront 2 sur le même dos. Quand nous l'enfourchons, il est assis. On se cramponne bien parce que quand il se redresse, c'est en deux temps et ça secoue. Waow ! On est haut perché sur le dos d'un dromadaire ! Une fois tout le monde en place, les animaux se mettent à marcher suivant leur guide. On se balance au rythme des pas, on contemple le paysage et on s'amuse des têtes de nos montures. Elles ont l'air toute relax, machouillant quelques buissons secs au passage, la bave sur leurs grosses babines. Leurs grands yeux sont bien protégés avec leurs très longs cils, ce sont de véritables champions pour traverser ces zones sans eaux et balayées par les vents de sable.
Mais ne nous sommes pas partis pour traverser le désert, juste une promenade avant de nous poser dans cet endroit magique pour allumer un feu et admirer le coucher de soleil. Bakir a emmené le thé qu'il fait chauffer au dessus des flammes. Tout est calme, on discute avec notre guide pendant que les enfants alimentent le foyer. Les lumières sont très belles, et les couleurs rouges orangées laissent peu à peu place aux bleues de la nuit qui s'installe.
On pourrait rester des heures ici, mais il est temps de regagner le campement et de profiter du super dîner préparé de façon traditionnelle. En effet, en arrivant, on nous montre comment ils ont fait cuire la viande et les légumes sur des grilles de plusieurs étages, le tout protégé et recouvert de sable et d'une couverture. Lorsqu'ils sortent le tout, les délicieuses odeurs viennent chatouiller nos narines, ouvrant un peu plus notre appétit.
On dîne sous cette grande tente : poulets, patates, légumes avec un peu de salade de crudités et du hummus. Un régal ! On terminera la soirée au coin du feu, allumé pour faire plaisir aux enfants, à papoter et contempler le ciel étoilé. Brossage de dents et direction nos lits.
Le soleil est levé depuis un moment quand nous ouvrons nos paupières. On a bien dormi, le petit déjeuner nous attend. On mange puis on part faire une ballade à pieds pour découvrir les environs. Il fait déjà très chaud, mais comme l'air est sec, c'est supportable. On escalade, on court dans le sable, on cherche des cailloux pendant que nos hôtes se reposent. On a vraiment l'impression qu'ils n'ont rien à faire, à part prendre le temps... C'est assez étonnant et nous ne sommes pas habitués à cela. Parce qu'il y aurait, par exemple, un peu de nettoyage des lieux à faire. Nous sommes horrifiés, ou plutôt désolés de constater qu'ici aussi le plastique pollue les lieux. C'est incroyable : partout où nous sommes passés, que se soit en Amérique du sud, ou bien ici sur le continent africain, de voir autant de pollution par ces déchets sauvages. Les gens n'ont pas encore pris conscience de la richesse et de la beauté des paysages qui les entourent. On a constaté, impuissants, des gens jeter leurs bouteilles d'eau par leur fenêtre, on a marché à côté de véritables décharges sauvages, on a vu des cours d'eau et des canaux jonchés de détritus...
Ici, le camp est propre, mais derrière des rochers on trouve de tout et c'est écoeurant. Il faudrait vraiment faire une opération de grande envergure pour nettoyer les lieux, éduquer les populations et mettre en place des systèmes de collecte de déchets. Et évidemment réduire la consommation de sacs plastiques : ils en donnent tout le temps, pour la moindre petite chose achetée. Un combat qu'il faudra bien mener un jour... Revenons à nous, après cette parenthèse écologique...
Une grosse journée à la découverte de ce désert nous attend. A bord du pick-up, c'est tout d'abord vers une source d'eau que nous nous dirigeons. On se stoppe au bas d'une falaise, on s'approche d'un gros rocher sur lequel de très vieilles inscriptions ont été retrouvées. Il s'agit de pétroglyphes, c'est-à-dire de dessins symboliques gravés sur la pierre. On observe, puis Bakir nous montre un arbre, perché sur la falaise. C'est là-haut que se trouve la source... Ah... Bon et bien, allons y !
Pendant que notre guide s'en va faire quelques courses, nous laissant seuls ici, on se regarde un peu bêtement avant de nous lancer dans cette ascension. Équipés de nos baskets, on fait attention dans notre progression, nous aidant les uns les autres à franchir les obstacles. On monte pendant une petite heure pour enfin arriver à cette source, ou plutôt flaque d'eau croupie...
En revanche, la vue sur le site est imprenable. Une pause méritée, au frais le long des paroies ombragées avant d'entamer la redescente qui s'avère tout aussi compliquée. On ne savait pas trop à quoi s'attendre pour cette journée, mais certainement pas à une première activité comme celle-ci.
Heureusement Bakir est bien là lorsque nous regagnons la terre ferme. On reprend nos places sur les banquettes aménagées dans la benne du 4x4 pour nous diriger vers Khazali Canyon, plus loin dans le désert. Cette fois-ci Bakir nous accompagne. On pénètre au milieu des grandes paroies, par un sentier très étroit. On s'engouffre dans cette voie qui semble sans issue, mais on peut escalader pour avancer un plus profondément. On découvre là encore quelques lignes d'écritures sculptées à même la roche.
On progresse encore un peu plus loin avant de nous retrouver totalement bloqués, à moins bien sûr d'être équipés pour l'escalade. Ce n'est pas notre cas, et les enfants sont trop petits pour poursuivre. Ce sera donc quelques clichés au fond de ce canyon puis s'en suivra quelques cris, afin d'apprécier la belle résonance de notre écho.
De retour à la voiture c'est désormais au bas d'une grande dune de sable ocre que nous sommes déposés. Une petite tente de bédouins y est installée, nous y prendrons le thé de l'hospitalité. Mais tout d'abord, on monte cette montagne de sable car on a une folle et irrésistible envie de la dévaler en courrant ! Elle est haute, et s'est essoufflés que nous arrivons à son sommet.
On reprend notre souffle puis on décide d'y aller deux par deux. Honneur aux filles... Après un test car nous voulons fouler ce sable nus pieds, il s'avère que se sera finalement en chaussures que la course s'effectuera. Le sable est brûlant, et même si l'on courre vite, on risque d'arriver en bas avec la voûte plantaire cramée. 3, 2, 1, ... C'est partit ! Les filles s'élancent dans cette pente à toute vitesse, manquant plusieurs fois de trébucher mais finalement arrivant d'une traite en bas, un grand sourire dessiné sur leur visages. Au tour des garçons. Feront-ils aussi bien ? Ils partent comme des enragés, main dans la main, dévalent la dune quand soudain... Le drame ! Chute de Nolan avec roulé boulé en prime... Mon petit bonhomme est couvert de sable de la tête aux pieds, il en a dans la bouche, les yeux et les oreilles. On essuie tant bien que mal cette multitude de minuscules grains qui collent à la peau.
Courageux, aucune larme ne sera versée, et c'est en courant, un peu moins vite, qu'il vaincra cette immense dune. Le thé est le bienvenu. Nous vidons nos chaussures remplies de sable, nous quittons nos chaussettes pour nous frotter les pieds, et ainsi mieux repartir pour la prochaine étape, celle du déjeuner. Après quelques minutes supplémentaires de route, on se stationne à l'entrée d'une grande faille dans la falaise. C'est le spot parfait pour nous poser avec ce système de climatisation naturelle. A l'ombre au milieu des falaises, un petit courrant d'air et des coussins pour nous relaxer le temps que Bakir nous prépare un bon petit plat.
On allume un feu, puis il fait revenir dans une gamelle quelques oignons, tomates, haricots. Il laisse mijoter le tout avec de l'eau et des épices et pendant ce temps découpe un concombre, sort du hummus qu'il agrémente d'un peu d'huile et de citron. C'est simple, mais tellement bon avec leurs pains en galette. On a faim, on dévore.
Maintenant que nous avons fait le plein d'énergies, on est prêt à continuer.
En route pour le Burdah Rock Bridge, avec en chemin un stop aux abords du "Mushroom Rock". Comme son nom l'indique, il s'agit d'un rocher ayant la forme d'un champignon, avec sa grosse tête en équilibre sur son pied.
On continue, puis nouvel arrêt pour donner nos restes de pains à un groupe d'une vingtaine de chameaux. Incroyable comme ils peuvent courir vite quand il s'agit de manger ! Voilà notre guide entourré de ces estomacs sur pattes, ce qui nous fait bien rire. Ils ont vraiment une bonne bouille, et comme les lamas du Pérou et de Bolivie, on aimerait en ramener un à la maison.
Il est temps de repartir pour rejoindre cette fameuse formation rocheuse offrant une grande arche perchée à une cinquantaine de mètres de hauteur. C'est splendide, et ça nous rappelle Arche Valley aux États-Unis. Cerise sur le gâteau, on peut monter dessus ! Malheureusement (ou pas car c'est vraiment haut) c'est un peu trop difficile d'accès pour les enfants, du coup, seul Xav y fera quelques pas.
Ici aussi, comme à chaque point à visiter, une tente de bédouins est dressée. On y reboit le thé qui chauffe à longueur de journée sur un petit feu de bois. Ils proposent également à la vente quelques petits bijoux, des savons au musk, et quelques aromates comme la cardamome qu'ils utilisent pour leurs infusions. Nous sommes toujours bien reçus, et il n'y a aucune pression commerciale, contrairement à l'Égypte, ce qui est fort agréable. Après un moment passé en leur compagnie, on les remercie puis nous continuons notre route.
Nouveau canyon, celui de Abu Khashaba. On est en plein milieu de l'après-midi, le soleil cogne, et voilà que notre guide nous refait le coup : "Je vous laisse là, vous n'avez qu'à continuer d'avancer tout droit et je vous récupère de l'autre côté. A demain !" ... Ok... C'est rassurant... Heureusement que nos gourdes d'eau ne sont pas vides. On se met à marcher d'un pas lourd dans ce sable si fin avant d'arriver à l'entrée du canyon. Il est plus large, mais tout aussi beau que le précédent. On est seul dans ce décor de cinéma, tout est calme et silencieux... Excepté nos enfants. Eux ont encore suffisamment d'énergie pour courrir et se chamailler.
Il nous faudra une petite heure pour traverser cette formation rocheuse et retrouver Bakir qui a pris le soin de bien cacher le véhicule derrière un rocher, nous faisant croire qu'il nous a réellement laissé à notre sort.
Les lumières commencent à changer avec le soleil qui entame sa descente. On roule désormais en direction du Désert Blanc. Dans cette zone le sable est beaucoup plus clair et sa consistance est différente. Bakir nous conduit avec le 4x4 sur un haut plateau rocheux afin de nous poser là quelques minutes, juste pour observer la beauté du désert. C'est vrai que c'est somptueux et vraiment relaxant. Juste nous et la nature dans sa simplicité, sans faune, sans flore.
Les enfants retrouvent leurs anciennes habitudes de ramasser des cailloux pour ensuite les tailler. On en a plein le sac à dos, de plus ou moins beaux. La plupart voire la totalité resteront dans le désert, nous n'avons pas besoin de nous charger davantage. En route pour une dernière étape : de belles dunes parfaitement dessinées. Moins hautes donc plus facile à remonter. On se jette dans tous les sens, on roule, on saute, on fait des cabrioles... Bref on joue comme des gamins et c'est super !
Bakir va s'installer quelques mètres plus loin afin de nous laisser profiter de ce moment en famille. Il prend le temps d'allumer un feu, et nous ne tardons pas à le rejoindre afin de contempler ensemble le magnifique coucher de soleil. On boit le thé et le café, on grignote quelques biscuits, on savoure pleinement l'instant présent.
Que c'est beau ! Je crois que l'on peut dire qu'on aime le désert et sa tranquillité. On resterait là pour y passer la nuit à la belle étoile, mais ce n'est pas au programme. On regagne notre camp, roulant de nuit. Quand on arrive, le dîner est prêt et nous n'avons qu'à nous laver et passer à table. On a passé une merveilleuse journée et c'est un peu fatigué que nous nous glissons sous les draps. Demain on reprendra la route afin de découvrir de nouveaux trésors jordaniens...
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