Il s'agit bien là, de Copacabana une ville de l'ouest de la Bolivie et non de la célèbre plage du Brésil. Située sur les rives du non moins connu lac Titicaca, cette petite bourgade se trouve sur l'axe touristique entre Cuzco et La Paz. En effet, seulement 5 kilomètres la sépare de la frontière péruvienne. Cette petite station balnéaire jouissant d'un cadre naturel enchanteur, est aussi le point de départ des bateaux rejoignant Isla del Sol.
Pour arriver ici, nous avons pris le bus depuis la capitale. Environ 4 heures de route, avec une descente du bus une heure avant l'arrivée, pour franchir un bras de rivière.
Nous prenons une petite embarcation, tandis que notre bus, lui, monte sur une sorte de radeau en bois pour effectuer la traversée. Notre chauffeur nous attend avant de repartir et finir le dernier tronçon de route.
Nous voilà donc déposés, nous et nos gros sacs, sur les bords du grand lac. Il nous faudra remonter les 2 rues, bien en pente, pour regagner notre hôtel d'une nuit. Exercice fatigant, nous sommes toujours à 3840 mètres d'altitude et l'oxygène se fait rare. Il est vrai que nous sommes acclimatés depuis le temps, mais lors d'efforts physiques, on se retrouve rapidement avec le souffle court. Ce n'est que le début, et nous ne sommes pas aux bouts de nos peines...
Après nous être installés, nous partons déjeuner et nous balader. Ici, la spécialité, c'est la truite. Le lac Titicaca en est rempli. Le soleil brille, on savoure nos plats en terrasse avec ce joli décor. L'ambiance est totalement différente qu'à La Paz, ça fait destination de vacances. Les boliviens peuvent s'adonner à diverses activités sur le lac : bouées tractées, sorties bateaux, pédalo... Et terrestres avec des promenades à dos de poneys pour les enfants. Nous, on opte pour une visite de la grande basilique blanche de Notre Dame de Copacabana. Un style vraiment différent de celui observé jusqu'à présent. On peut y entrer, et admirer la sculpture de "la virgen de la candelaria". En redescendant vers le port, on achète nos tickets de bateaux pour le lendemain, afin de rejoindre la Isla del Sol sur laquelle nous passerons les 4 prochains jours.
07h00, le réveil sonne. On s'habille, on range puis on ferme nos sacs. On descend au petit déjeuner, on avale nos tartines et on descend à l'embarcadère pour 8h00, nos valises sur le dos. De là, on nous demande d'attendre avant de monter à bord... Le capitaine préfère retarder son départ, dans l'espoir de remplir un peu plus son embarcation... Il faut rentabiliser au maximum les trajets.
09h00, enfin on largue les amarres, et c'est parti pour une traversée d'une heure. Les eaux du lac sont relativement calmes, mais notre bateau n'est équipé que d'un petit moteur, donnant à notre vitesse de croisière une allure de tortue... Peu importe, l'important étant d'arriver entiers et secs si possible à bon port. Après une manoeuvre afin de passer entre 2 rochers, nous apercevons Isla de la Luna sur notre droite et Isla del Sol face à nous. La terre se rapproche inlassablement jusqu'à pouvoir nous amarrer au ponton de cette île. Ce gros rocher d'une superficie de 14 km2 est la plus grande île du lac. Elle abrite des ruines datant de la période inca, et servait à cette époque de sanctuaire. Lorsque nous posons les pieds sur son sol, nous devons nous acquitter d'une taxe ou droit de passage/séjour. 2 grandes statues d'incas sont situées de part et d'autre d'un grand escalier de pierres, qui monte de façon sacrément abrupte...
Notre hostal, lui comme tous les autres, est situé à son sommet... Ici, il n'y a pas de véhicules à moteur, toutes les routes ou plutôt chemins sont pavés. Les déplacements se font donc à pieds, et les marchandises transportées à dos de mules. Mais devinez quoi, lorsque nous débarquons, aucun âne à l'horrizon. On rassemble donc nos forces et on attaque l'ascension avec notre sac à dos de 23 kilos bien sanglé sur nos hanches et nos épaules, et un autre sac (entre 5 et 15 kg) que l'on porte comme on peut.
L'escalier est raide et plusieurs pauses seront nécessaires pour arriver à bout des 204 marches, oui-oui 204, on les a compté...
A son sommet, de l'eau pure coule d'une fontaine, celle de la jeunesse. Vite une gorgée pour retrouver de l'énergie. Encore un effort, encore de hautes marches pour rejoindre notre habitation. On est en sueur, on s'affale sur nos lits. La chambre est très correcte, une large terrasse devant, avec une vue imprenable sur le lac et les montagnes au loin. C'est magnifique, et calme. Ici, on va se ressourcer.
Un brief avec Christian notre hôte, qui nous indique que faire et quoi voir sur cette île. Il y a le village, plus haut évidemment, puis un mirador sur le point culminant à 4075 mètres d'altitude, une plage en redescendant de l'autre côté, et une grande randonnée si l'on veut rejoindre le Nord de l'île. A savoir également, bien que le petit-déjeuner soit inclu, pour les repas du midi et du soir, il faudra monter au village afin de trouver un restaurant ouvert...
Nous redescendons donc, en direction de l'embarcadère, sans nos sacs cette fois-ci, Dieu merci, pour nous attabler sur la terrasse d'un petit restaurant. Comme souvent, on nous propose le menu du jour avec le choix entre 2 soupes et 2 plats : truite frit ou poulet à la milanaise. Le tout, bien évidemment, accompagné de riz et de quelques frites. On est content de manger un peu de poissons, denrée plutôt rare dans ce pays qui n'a pas d'accès sur la mer. Un plat simple, mais bon. La vue sur ce lac est très belle, et l'on observe les ânes qui arpentent ces chemins raides et rocailleux, chargés et bien..., comme des mules.
Nous, avec nos batteries rechargées, on s'attaque à l'ascension jusqu'au village. Le chemin est certes joli, zigzagant entre les maisons, et pavés de ces gros blocs de pierre servant de marches. On s' arrête devant l'église, on admire les ânes de différentes couleurs, on se stoppe dans une tienda pour acheter de quoi faire les sandwichs du lendemain midi. On passe un moment à discuter avec la patronne, une de ces mamitas aux traits du visage burrinnés par les effets de l'âge et du soleil. Elle reste belle et charmante malgré tout, et surtout, très sympathique.
On continue notre grimpette jusqu'au sommet de cette partie sud de l'île, après avoir traversé tout le village. Un constat : de nombreux restaurants semblent fermés, ce qui va nous compliquer la tâche ce soir... On verra bien, ce qui est sûr, c'est qu'on ne se laissera pas mourir de faim. D'en haut, on a vu sur l'autre côté du lac, et à quelques centaines de mètres, sur le Pérou. On voit parfaitement la rive, sans pour autant voir la frontière qui passe là, quelque part dans le lac, et sépare les 2 pays.
Et dire que nous nous rendrons en face dans quelques jours, mais après avoir fait un grand détour, nous obligeant à revenir sur nos pas jusqu'à La Paz pour prendre plusieurs avions et autres moyens de locomotion. Les frontières terrestres et fluviales entre ces pays restant à ce jour, fermées. On marche un peu en direction du terrain de foot, sur lequel un match féminin s'y déroule. On observe les joueuses qui ont l'air de bien s'amuser. Mais nous ne sommes pas seuls... Un jeune et son papa sont également là, ils ont l'air occidentaux... Bingo ! Des français... Encore ! Présentations faites, on se donne rendez-vous pour le déjeuner du lendemain, sur les tables extérieures de leur hôtel... Tout en haut du village. Pour le moment, on entame la redescente à notre chambre, en coupant à travers les jardins en terrasses, rappelant les rizières asiatiques. Les enfants préféreront aller jouer encore plus bas, plutôt que de s'installer pour faire des devoirs... Bizarre non ? Ils ont entrepris la construction d'une cabane sous une grande et épaisse branche d'eucalyptus tombée au sol. L'amélioration et la décoration de ce nouvel habitat les occuperont jusqu'à notre départ de cette île, toutes les excuses étant bonnes afin de s'y rendre.
Évidemment nous les aiderons en leur donnant des idées, en trimballant de grosses branches feuillues, en roulant de lourdes pierres, en taillant des bâtons, en agrémentant de quelques fleurs... Une véritable entreprise familiale à l'initiative des enfants ! On aime, et on préfère les voir jouer ainsi, plutôt que de se disputer pour faire de la tablette. Et la réalisation de cette cabane a été un bon moyen de motivation pour faire leurs devoirs : pas de bricolage à la cabane si pas de devoirs effectués auparavant. Une bonne monnaie d'échange, et une juste récompense. Située quelques mètres en contrebas de notre hôtel, on ne peut pas les surveiller depuis la chambre, mais par contre, on peut les appeler et leur ordonner de rentrer, ou bien de mettre leurs manteaux, le tout sans nous déplacer et ainsi nous éviter la remontée. Car la montée, on en a marre ! C'est vrai que le paysage est sympa, mais on se retrouve à monter au village 2 ou 3 fois par jour : pour faire des courses, pour trouver un restaurant ou bien pour se promener. Nos mollets, nos genoux, nos cuisses et notre souffle sont soumis à rudes épreuves. Et pour courronner le tout, les températures ne sont guerres élevées et les nuages sont nombreux. Isla del Sol a laissé place à de sacrées averses, et même des orages, heureusement pour nous, la nuit principalement. Mais nous n'avons pas vraiment chaud.
Comme convenu, nous avons retrouvé la famille de français, Aurélie, Julian et leurs 3 enfants, allias "La tribu tour du monde". Eux sont fraîchement arrivés en Bolivie, après plusieurs mois passés en Afrique... De quoi nous donner des idées pour la suite de notre programme, l'Asie ne semblant pas être prête à rouvrir ses frontières. On pique-nique, on papote, les enfants jouent ensemble, un bon moment de partage avant de se quitter, eux devant reprendre le bateau de 15h. Qui sait, peut-être nous recroiserons nous plus tard, quoiqu'il en soit, les mails et numéros de tél sont échangés, et on se suivra mutuellement via les réseaux sociaux.
Des français, il y en a ! Partout ! C'est vrai que c'est plus facile de se rencontrer grâce aux groupes sur internet, mais combien de fois on s'est retrouvé par hasard, à entendre un espagnol approximatif avec un accent particulier, qui ne trompe pas, caractéristique des gaulois. C'est ainsi que nous rencontrons Tristan et Ludivine, (non pas à cause de leur accent) un couple (français) habitant au Brésil et actuellement en tour d'Amérique du Sud. On passera une soirée pizza ensemble, dans un petit restaurant à l'intérieur duquel se trouve un lit en plein milieu des tables. Étrange, mais pratique pour attendre les clients, qui sont rares en ce moment... Le choix des pizzas est limité, réduit à 3, mais l'accueil est chaleureux et ils ont de la bière, bref un bon cadre pour passer une bonne soirée au chaud. On boit, on dévore, on rigole bien. Que ce doit être dur en France actuellement, sans restos, sans retrouvaille entre amis... Encore une fois, qu'on a bien fait de partir cette année !
On profite bien du calme de cette île pour nous reposer et avancer sur notre programme et celui scolaire. On ira tout de même faire une promenade jusqu'au point le plus haut de l'île, un mirador offrant une magnifique vue à 360 °sur le lac, le Pérou, la Bolivie.
Nous n'irons pas faire la rando jusqu'à la pointe nord de l'île, estimant que nous avons eu notre lot de marche. Il va être temps de repartir, enfin si l'on peut... En effet, on ne voit que très peu de bateaux accostés, et avec le mauvais temps peu d'embarcations partent de Copacabana. Mais Christian nous rassure, il y a toujours une solution... Bien que nous le croyons sur parole, on préfère tout de même assurer nos arrières en allant à la rencontre de propriétaires de bateaux et en leur demandant si ils prévoient un départ le lendemain matin. On en trouve un qui nous attendra à 8h00... Ouf ! Dernière soirée, dernier repas au sommet de l'île, dans un super petit resto, avec des tables éclairées à la chandelle.
De délicieuses lasagnes fumantes nous sont servies.
Un plat qui nous réchauffe avant de regagner nos lits, à l'aide de nos lampes frontales. Attention à ne pas nous blesser en rattant une marche dans ce village endormi, où seules nos lampes, la lune et les étoiles éclairent la nuit. On s'endort le ventre plein, sous nos grosses couvertures, bercés par le son de la pluie qui se met à tomber. Le lendemain, on recharge nos gros sacs sur notre dos, puis on descend le fameux escalier Inca qui nous a tant coûté à l'aller. C'est bien plus facile dans ce sens là. Le bateau nous attend, on monte à bord. Nous sommes rejoins par une suissesse accompagnée de son fils et de 2 chiens. Encore une occasion de parler français. Le retour se fait tout aussi lentement que l'aller. On arrive à Copacabana, on monte jusqu'à place centrale et on attrape un "collectivo", ces mini bus, en direction de La Paz. Une douzaine de places, on est bien serrés et les sièges sont peu confortables. Le trajet s'effectue relativement bien, en considérant que la chaussée est encore recouverte de neige à certains endroits. Oui, il fait froid... A environ 2 heures de notre arrivée à la capitale, le moteur de notre véhicule se met à chauffer et à fumer. Obligés de nous arrêter en bord de route, pas moyen de continuer. Alors on fait du stop, en espérant qu'un autre mini bus ait de la place. On est sur la route principale, et fort heureusement nous n'avons pas à patienter trop longtemps avant de monter à bord d'un nouveau collectivo. Nous sommes encore plus serrés dans celui-ci, les enfants sont sur nos genoux. Nous finirons par être déposés à El Alto d'où nous prendrons un taxi pour finir cette journée de transport.
Isla del Sol aura donc était une parenthèse reposante, avec une vue incroyable sur ce majestueux lac, (le plus haut au monde navigable), mais nous aurions aimé un peu plus de chaleur et de soleil afin de profiter pleinement.
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