Lors de notre séjour à Sucre, nous avons rencontré une famille française (oui, encore ! ) Elodie, Guillaume et leurs 2 filles. Après avoir déjeuné ensemble, puis passer l'après-midi et finalement dîner ensemble, ils nous ont fait part de leurs bons plans, étant donné qu'ils ont déjà une semaine d'avance sur nous en Bolivie. Parmi les activités à faire, ils nous ont aguiché avec une rando à quelques kilomètres de là. Nous en avions déjà eu vent par Véronique et Arnaud qui l'ont fait l'an dernier. L'idée est de partir accompagnés d'un guide, pour un trek plus ou moins long selon nos envies et possibilités, qui débute par la descente du Chemin des Incas, pour ensuite passer la fin de journée et la nuit chez l'habitant, dans le cratère de Maragua. Le lendemain, nouvelle ballade sur un site avec des empreintes fossilisées de dinosaures avant un retour à Sucre.
Après quelques devis auprès de 2 agences, nous validons cette nouvelle aventure avec Marcello le guide, et Don David, le conducteur du 4x4. Le rendez-vous est donc pris, ils passent nous récupérer à notre hôtel à 08h00, eux s'occupent de prévoir eau et nourriture pour les 2 jours. Mais avant de quitter la ville, Xav achète de la coca, afin de l'offrir à la famille qui nous hébergera. Les Boliviens sont accros à ces feuilles dont les vertues sont de maintenir éveiller, couper la faim et mieux supporter l'altitude.
Après une heure de voiture, un péage ou plutôt une corde tendue en travers de la route franchit, et une ascension dans la montagne, nous arrivons à notre point de départ.
El Choro ou Chemin des incas, est un ancien itinéraire utilisé par les Incas. Cette randonnée relie le plateau de Tajzara à 3700 mètres d'altitude, en descente jusqu'à la vallée centrale de Tajira, couvrant une distance de 20 km.
Nous ne ferons qu'une partie, une marche de 3h00 environ au départ de la chapelle de Chataquila-Chaunaca. Salutations à la vierge Nuestra Dama de Guadalupe (ou bien une de ses "soeurs", chaque région ayant la sienne, on s' y perd un peu...), afin qu'elle nous protège durant notre marche.
Après une explication sur ce chemin, rendu célèbre notamment par l'illustre personnage Tomas Katari.
Ce chef rebelle Quechua est l'auteur d'une insurrection populaire indienne contre les autorités espagnoles vers 1780. Il s'est rendu à pieds, car interdit de monter à cheval, jusqu'à Buenos Aires, soit 2300 km, par ce chemin, afin de rencontrer le vice-roi et faire reconnaître ses droits et fonctions. Il finira assassiner suite à une trahison.
Il est l'heure pour nous, pull et doudoune sont de rigueur, pour l'instant... La vue sur les montagne est incroyable, nous sommes motivés pour descendre ce sentier rocailleux au milieux de ce paysage. Nous descendons, tranquillement, en pensant à bien respirer, l'oxygène étant plus rare. Nous faisons plusieurs haltes pour nous émerveiller devant la palette de couleurs: gris, vert, brun, et même rouge et violet ! C'est assez incroyable ces nuances et ces différences entre les pierres et les terres.
L'érosion est importante, il faut parfois emprunter un petit chemin de contournement suite à un glissement de terrain. Cependant le sentier est plutôt en bon état.
Marcello qui nous accompagne, s'adapte très bien à notre rythme et celui des enfants. Il fait attention à parler lentement afin que l'on se comprenne bien. Une fois en bas, David nous attend avec le 4x4 et nous dépose un peu plus loin, le long du Rio. On fait une pause, un concours de ricochets s'improvise. Enfin, trempette des gambettes dans cette eau boueuse et maronnâtre avant de reprendre la voiture pour atteindre Maragua et savourer un déjeuner bien mérité.
Le village de Maragua est très petit, et il a la particularité de se trouver dans un cratère. Il ne s'agit pas d'un cratère de volcan, mais soit d'un cratère dû aux mouvements des plaques tectoniques, soit à la suite d'une chute de météorite... Nous n'avons pas le fin mot de l'histoire, les 2 théories semblant être encore sur la table et faisant débat, même si la première hypothèse semble la plus probable.
Bref, nous on se pose ici, dans ce superbe décor, pour partager un succulent et copieux déjeuner. Il y a de quoi faire, et heureusement car on a très faim. Poulet milanaise, riz, pommes de terre, salade et fruits: voilà qui redonne des forces ! Et envie de faire la sieste aussi...
Mais ce sera une bonne balade digestive à la place. On avance dans ce paysage lunaire, entourés de ces montagnes sur lesquelles des ondes sont dessinées.
On longe un ruisseau qui coule le long de roches, pour enfin se jeter en véritable cascade du haut d'une vertigineuse falaise. Le chemin continue jusqu'au lieu-dit de "la gorge du diable". Il s'agit d'une formation rocheuse, ou plutôt une pseudo grotte s'apparentant à une bouche ouverte.
On prend le temps, avec nos guides, de discuter, de prendre des photos, de jouer à lancer des cailloux, de découvrir des plantes et leurs vertus, et évidemment de se délecter de la beauté du paysage.
Direction maintenant une petite maison en haut du village, avec moutons, taureaux, poules, chiens et chats. Sur la route, surprise, nous croisons 4 jeunes backpakers. Devinez quoi...? Et oui, ils sont francais ! 2 amis arrivant du Paraguay et un couple arrivant d'Argentine, qui se sont rencontrés à Sucre, et ont entrepris ce treck ensemble, sans guide ni 4x4. On se donne rdv ce soir après dîner. La maison dans laquelle nous entrons est tenue par la Senora Leonarda. Dans sa cour intérieur, c'est un sacré carfanaeum... Nous sommes là, afin qu'elle nous montre son métier à tisser, et évidemment ses créations dans l'optique de nous en vendre. Elle tisse la laine avec un simple appareil de bois, chaque nouvel objet étant une conception unique car les motifs sont imaginés. Elle fabrique ainsi des panchos, couvertures, sacs et décorations de table qui prennent souvent plusieurs mois de travail. Nous apprenons dans la foulée, que c'est notre hôte et que c'est ici que nous passerons la nuit.
On lui achète donc, par courtoisie surtout, un bracelet. Elle nous montre notre chambre constituée de 2 lits, un premier en bois avec de la paille en guise de matelas et le second en ferraille qui grince tant qu'il peut. Le tout à même la terre battue, et là encore au milieu d'un bric-à-brac sans nom. Je vous épargne les détails sur la propreté et surtout les odeurs.... On soupçonne les galinacés d'avoir élus domicile récemment dans cette pièce... Ça ira bien, c'est ce que nous avons cherché, à savoir dormir chez l'habitant... Mais entre nous, une nuit suffira...
Il est prévu que nous, ainsi que les guides, prenons le dîner dans sa cour. J'aide donc volontier Leonarda à éplucher les patates, pendant que les gars dégustent une bière.
Assis sur un muret faisant office de banc, à l'occasion recouvert d'une couverture pour le confort de notre fessier, la discussion va bon train. Le repas arrive : frites, riz et oeuf au plat. Combinaison de mets étonnante pour des français, mais il faut se l'avouer : c'est simple et efficace, ça cale.
Le groupe des randonneurs nous rejoint afin de passer le restant de la soirée ensemble, comme toujours à nous raconter nos aventures et péripéties. Nous voilà donc 8 français perdus au milieu de la Bolivie, à bavarder et rigoler, accompagnés de nos 2 guides qui sont également ravis. Prise de photos, ça permettra d'alimenter leur site internet et de communiquer via leur agence.
Vient l'heure de se coucher, mais avant, c'est pipi en passant par un portail en tôle, pour aller faire dans le champ derrière la maison, équipés de nos lampes frontales. On se change et on s'installe pour nous endormir... Enfin essayer... Je ne vais pas vous raconter ma nuit... Enfin, peut-être...
Réveil vers 7h30, les enfants dorment encore paisiblement, la journée de la veille les ayant bien rétammés. Nous, malgré la fatigue, la nuit ne fut pas très bonne. Pas vraiment confortable une planche de bois... Emmitouflés dans nos habits de froid et serrés-coincés sous une couverture en laine pesant une tonne, et sentant la biquette pas fraîche, le poulailler et une multitude de mouches qui volent dans tous les sens... Mais bon... Voyons les choses du bon côté, c'était une bonne expérience.
Alors debout, une nouvelle journée nous attend ! Marcello et David nous rejoignent pour le petit déjeuner composé de pain et d'infusion au maté, une boisson locale déclinée de plusieurs façons et largement consommée en Bolivie.
On remercie Leonarda, on lui laisse la coca achetée la veille et dont raffolle les fermiers du coin. Enfin, on se prend en photo avec l'appareil polaroïd d'Iloa afin de lui laisser un souvenir de notre passage.
45 minutes de voiture, sur la piste à l'intérieur du cratère de Maragua, avec en toile de fond la cordillère des Andes. Nous partons à la découverte de traces de dinosaures. Il faut remettre les muscles à chauffer, et c'est reparti. Le beau temps nous accompagne, c'est un véritable plus et c'est bon pour le moral. On descend sur une pente rocailleuse, les pierres roulent sous nos baskets, il faut faire attention à ne pas se tordre une cheville. On franchit un petit ruisseau de montagne dans lequel Nolan mettra involontairement ses chaussures, puis on traverse un champ de pommes de terre dont les plants sont en fleurs. Nolan, encore lui, trébuche en courant, chute et s'étale à plat ventre dans la terre. Des pleurs et des cris surgissent, mais il ne s'agit que de quelques écorchures sur les mains et le ventre. Un petit tour sur les épaules de papa, puis on finit par arriver sur cette grande plaque tectonique qui s'est levée et inclinée et sur laquelle on peut observer des traces de dinos.
On en trouve de plusieurs tailles, plus ou moins profondes, vestiges du passage de ces mastodontes dans ces sédiments. Il y aurait des empreintes de diplodocus, de T-rex et autres spécimens plus petits. On prend la pose pour les photos, on s'invente des noms de dinosaures, on court sur cette dalle datant de milliers d'années. Barres céréales avant de repartir, le retour sera plus fatigant car en montée. Il nous faudra une bonne heure pour rejoindre le 4x4 mais tout le monde marche bien, à un rythme très correct pour des randonneurs peu expérimentés, d'autant plus à de telles altitudes, c'est plus compliqué. La vue reste magique, les couleurs sont incroyables, nous sommes seuls au milieu de ces montagnes. Iloa et Nolan ont ramassé nombre de cailloux et s'amusent à les tailler, ou les casser... Certaines pierres renferment de belles couleurs bleues et jaunes, d'autres sont plus noires que le charbon. En tous cas, une vocation de tailleurs de pierres se confirme chez nos enfants.
Notre aventure prend fin, il est temps de retourner en direction de Sucre. Nous demandons d'emprunter une route différente de celle de l'aller afin de faire durer le plaisir et enregistrer le maximum d'images dans nos têtes. Il nous faudra plus de 3h en traversant le village de Quila Quila, en grimpant pour finalement redescendre derrière la montagne Obispo. Nous luttons afin de ne pas nous assoupir à l'arrière du véhicule. Heureusement la musique bolivienne avec les mêmes chansons qui tournent en boucle nous maintient éveillés, et ainsi nous ne perdons pas une miette de ce trajet. Nous arriverons dans l'après-midi à notre hôtel, fatigués, sales, ayant faim, mais vraiment heureux de cette belle escapade.
Merci à Goblin Treck Adventure ;-)
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