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elomariette

Le Lac Titicaca et ses iles de roseaux...



Après avoir passé un long moment dans la région de Cuzco, il est temps pour nous de lever les voiles et prendre un peu le large.

Notre prochaine étape : les rives du lac Titicaca. Et oui, souvenez-vous, nous le connaissons mais côté bolivien, et nous n'avons pas oublié les pentes abruptes de Isla del Sol qui nous avaient bien fait cracher nos poumons. Ce coup-ci, c'est une toute autre île sur laquelle nous souhaitons nous rendre, une île particulière car faite entièrement de roseaux... Le trajet pour nous y rendre s'effectuera en 2 temps : de Cuzco à Juliaca puis de Juliaca à Llanchon au bord du lac. Il existe bien des bus, d'ailleurs le détour à la gare routière vaut son pesant d'or. Dès l'entrée les rabatteurs crient le nom des villes de destination : "Juliaca Juliaca Juliaca " "Arequipa Arequipa" ou encore "Lima Lima Lima Lima" ! C'est à qui criera le plus fort, c'est une véritable cacophonie. On prend les renseignements nécessaires afin de faire le bon choix. La plupart des compagnies proposent des bus de nuit, avec un départ entre 20 et 21h, ce qui ne nous arrange pas forcément, car quoi faire à Juliaca à 4 h du mat, et encore plus avec des enfants... Même si ces bus sont semi-couchettes ou couchettes, ça ne fait pas notre affaire. On finit quand même par en trouver un qui décolle à 7h du matin pour 40 sol par personne... Pas trop mal. Mais nous ne sommes pas convaincus, on va tester de se rapprocher de ces personnes qui, le long de grands axes routiers dans Cuzco, brandissent des pancartes avec le nom de Juliaca (ou Arequipa). Ces pseudos agences de taxis sont en fait des tiendas qui, avec un numéro de téléphone, trouvent un chauffeur pour conduire le véhicule, même s'il n'ont pas les autorisations légales de transport touristique. Pour 200 sol, que j'arriverai à abaisser à 130 sol avec mes talents de négociatrice, le calcul est vite fait. La voiture passera nous prendre à l'heure souhaitée, et mettra 1h30 de moins que le bus pour un tarif quasi similaire. La mauvaise surprise, c'est qu'à ce tarif nous ne disposons que de l'arrière du véhicule, et afin de rentabiliser un peu plus la course, le chauffeur emmène également une jeune femme et son bébé à l'avant. Nous voila prêts à partir avec un peu de retard sur l'heure prévue, le coffre archi blindé et, la cerise sur le gâteau, la maman et son bébé sont malades... Double couche de masque et fenêtres ouvertes pour éviter toute contamination de "je ne sais pas quoi"! Bien que serrés, la route se passe relativement bien, hormis pour le conducteur qui s' est fait contrôlé par la police, et qui a dû s'alléger de quelques billets pour continuer sa course. Les chauffeurs le savent, c'est le jeux... Et leurs signes de croix lors de chaque trajet ne les protègent pas à tous les coups... Nous voilà aux abords de Juliaca... Claire nous a prévenu, on a l'impression d'arriver dans un bidon ville. Cette grande bourgade est poussiéreuse, sale ; les maisons ne sont pas finies d'être construites, les voitures et tuk-tuk se doublent et se klaxonnent dans un vacarme permanent. Mais l'essentiel pour nous, c'est que notre second conducteur nous retrouve facilement au point de rendez-vous, et l'on change en 2 temps 3 mouvements de véhicule, pour un beaucoup plus récent et bien plus propre. Ce nouveau pilote prend le temps de nous expliquer qu'ici, à Juliaca, tout est une question d'argent, tout peut se régler avec quelques billets... Même la police aime venir travailler ici, car tout est informel. C'est une plateforme de contrebande en tout genre, livrée à elle même, et où les touristes n'ont rien à y faire. Et cela semble convenir à tout le monde...


Nous avançons en direction du lac sacré, la ville a laissé place aux champs, les gens au bétail, la poussière et le bitume à la terre et aux cultures de blés et de quinoa. A proximité de Titicaca, tout s'apaise et redevient calme et tranquille. On longe la rive avant de bifurquer sur un chemin en terre. Un panneau indique : "chez Eustaquio", et il s'agit bien de notre destination finale. Un petit hôtel tenu par un couple : Eustaquio donc, qui s'occupe de la gestion et des excursions, et sa femme de la cuisine et de l'entretien. Lorsque nous arrivons, il ne fait pas très beau. La pluie est tombée à verse toute la journée, le vent continue de souffler, le froid nous saisit. Les eaux du lac sont troublées, des moutons sont formés de ça et là. Mais une fois les formalités effectuées, on découvre avec bonheur que notre chambre est équipée d'un petit radiateur électrique. C'est suffisamment rare pour que ça soit souligné... La visite est planifiée pour le lendemain matin, tout est fin prêt pour passer à table et profiter d'une bonne soupe bien chaude pour le dîner. Puis vite au lit, sous les couvertures... Décidément, que ce soit en Bolivie ou bien ici au Pérou, ce lac nous réserve une météo très mitigée... La nuit a été calme et réparatrice, et la bonne surprise au réveil, c'est un soleil radieux. Ses rayons nous chauffent dès le petit déjeuner, et bizarrement les sourires et la bonne humeur se propagent rapidement.

On est prêt, direction le tout petit port à une quinzaine de minutes à pied, où nous récupérons une "lancha", ces barques typiques du coin. Eustaquio nous conduit tous les 4, en direction du large.



Contrairement à la veille, le lac est calme. Nous avons l'impression d'être seuls à naviguer. Il y a certes quelques oiseaux et poules d'eau, mais rien de plus hormis le vrombissement du moteur pour troubler cette quiétude.



Il nous faudra environ une heure pour enfin nous approcher et accoster sur un îlot, entièrement construit en roseaux. Les habitants nous attendent, ils nous ont vu arriver depuis leur petit mirador, lui aussi en roseaux.




C'est simple, ici tout, absolument tout est en roseaux, et c'est bien là, la particularité de cette île Tinto Uros et de la communauté y habitant. Nous sommes accueillis par le chef, qui nou invite à nous installer sur un fagot afin qu'il nous explique comment ils vivent ici.



Nous écoutons attentivement cet homme qui nous raconte qu'ils ont construit des îles en roseaux, 3 actuellement, car leurs bateaux devenaient trop petits pour accueillir tous les membres de la familles.

L'île sur laquelle nous sommes à 3 ans. Comme les deux autres, elle est fabriquée avec des briques de terres et de roseaux qui ont encore leurs racines bien imbriquées, puis ensuite, le sol est recouvert de plusieurs couches de plantes, dans un sens puis dans l'autre, sur plusieurs mètres.



Une dizaine de grands bâtons (troqués contre du poisson) sont plantés tout autour, servant d'ancres à ce village flottant. Sans eux, l'île dériverait avec le vent et finirait échouée sur la côte ou bien en Bolivie.



Une vingtaine de personnes vivent à l'année ici, répartis dans 7 petites huttes de pailles. Imaginez vous la promiscuité ! Pour eux, le confinement c'est toute l'année ! Et évidemment sans eaux, sans électricité, et dans l'impossibilité de faire de "grands" feux pour se réchauffer. La cuisine se fait sur une pierre plate sur laquelle ils allument avec précaution un petit foyer... Il ne s'agirait pas d'embraser la moindre tige, ce serait la destruction assurée de toute l'île. Ici, ils ne vivent que de la pêche et d'un peu d'artisanat.





Ils échangent le poisson contre des légumes et autres denrées. La vente d'artisant, aux touristes en autres, leur permet de disposer de quelques soles pour des achats divers. Et les touristes, en ce moment il n'y en a pas... Nous devons être les premiers à venir depuis une année.



Nous sommes très bien reçus, et nous n'hésitons pas à payer 10 sol par personne pour faire un tour sur leur embarcation de roseaux. Une petite promenade, pour prendre le temps et prolonger le partage avec eux.



Ils nous montrent comment ils coupent ces roseaux, qui prolifèrent à côté de l'île, pour entretenir le sol.

Ils nous font aussi goûter cette plante, qui décidément, leur sert à tout.



Heureusement, il y a bien de la matière, et le roseaux à la particularité de repousser extrêmement vite. Quelques échanges supplémentaires, un petit achat souvenir, et une photo tous ensemble avant de remonter à bord. Un très bon moment passé en leur compagnie, même Iloa et Nolan ont bien aimé jouer avec ces enfants péruviens, que tout oppose dans la façon de vivre.



Leur école à eux se trouve sur une autre île, et on imagine bien leurs salles de classe, leurs leçons et leur cour de récréation...

Le retour en lancha se fait dans le calme. On repense à ce que l'on vient de voir et on s'imagine leur vie, tellement loin de la nôtre. Nous dejeunerons et passerons le reste de l'après-midi et de la soirée chez Eustaquio, à profiter du grand soleil, et en avançant sur les devoirs.


Demain, ce sera le trajet pour Arequipa, toujours avec 2 voitures pour nous conduire sur cette prochaine étape...





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