Inutile de vous dire la richesse de la région de Cuzco en terme de sites Incas.
Cette zone des Andes, appelée Vallée Sacrée des Incas ou encore Vallée de l'Urubamba, la rivière sacrée qui a creusé ce paysage. Une multitude de sites archéologiques et d'anciens villages, témoignent d'un passé glorieux. Au-dessous du site du Machu Picchu (prochain article, c'est promis), le climat et la fertilité des terres ont permis aux Incas de les cultiver, mais aussi d'extraire leurs minerais.
Voici les sites que nous avons eu la chance de visiter, une liste non exhaustive, et incomplète. On recommande d'acheter un billet, soit le complet (celui que nous avons) soit le partiel, valable 10 jours pour visiter l'ensemble de ces sites, plutôt que de payer chaque entrée. Pratique et économique !
Chinchero
Ce site a été créé sous l'oeuvre de l'Inca Tupac Yupanqui, qui ordonna la construction de palais. Il en fera un de ses lieux de repos. Une église coloniale a été bâtie sur les restes de ce palais, dont seules quelques pierres nous le rappelle. On y accède après avoir gravi une ruelle pavée, bien pentue, qui nous fait respirer à plein poumons ! On est à 3750 mètres d'altitude et le masque ne nous aide pas. En haut, on découvre des terrasses agricoles, une croix sculptée, et cette église datant du 17ème siècle. C'est agréable de se promener sur cette terre fertile.
Ville connue aussi pour son centre de textiles traditionnels. Ce sont les femmes qui s'occupent de cet art, qu'elles apprennent dès le plus jeune âge. Nous assisterons à un cours et une démonstration de tissage en direct. Après nous avoir expliqué l'obtention des couleurs grâce aux plantes, feuilles et racines, elle nous raconte comment sont fixées ces couleurs... Avec l'urine des enfants ! Et oui... ! Qui sert, au passage, à d'autres remèdes médicinaux. Évidemment, il y a aussi le sel, certainement plus pratique, et connu pour figer. Enfin, notre présentatrice se munit d'un bout d'os de lama aiguisé pour nous dévoiler comment elle entremêle les fils de laine, avec dextérité, pour réaliser son oeuvre. Tapis, ponchos, centres de table... Elles savent tout faire, il y en a pour tout les goûts et de toutes les couleurs. C'est sûr, c'est un savoir-faire qui demande habileté et patience.
S'en suit un tour dans la vaste boutique, et même si il n'y a aucune obligation d'acheter, nous finirons par craquer pour une paire de chaussons, chacun, fourrée en poils d'Alpaca. La classe !
Un drôle de souvenir qui, j'en suis sûr, nous servira et désolé pour nos charentaises qui attendront au placard. Nous y achetons aussi un petit taureau en terre cuite, ici ainsi qu'à Cuzco, les habitants les positionnent sur les toits des maisons afin de leur porter chance... Et pourquoi pas nous ?
Moray
Quelle étrangeté en arrivant... On se demande ce que l'on observe... Un amphithéâtre ? Et bien non, ou pas dans le sens dans lequel on le conçoit. Il s'agit là de plusieurs terrasses disposées en cercles concentriques, sur plusieurs hauteurs. C'est en réalité un centre de recherches agricoles, où les Incas pratiquaient des expériences. En effet, ils croisaient différentes espèces entre elles (2 variétés de pommes de terres, ou bien des plants de quinoa de diverses régions) afin d'obtenir des plants plus résistants et plus productifs. Peut-être même qu'ils tentaient d'acclimater des plantes exotiques aux conditions locales. En avançant sur le site, on découvre 2 autres complexes de terrasses, plus petits, mais possédant les mêmes caractéristiques : murs de soutènement, et canaux d'irrigation.
Le site doit être régulièrement entretenu, car s'il était laissé à l'abandon, la nature aurait vite fait de le recouvrir. Moray est donc un ensemble monumental, consacré à la recherche et à l'agriculture, preuve supplémentaire de l'ingéniosité du peuple Inca.
Maras
L'intérêt de ce site nous est rapidement révélé. En effet, depuis la route descendant de la montagne, on aperçoit de nombreux bassins. Il s'agit là, des fameuses salines de Maras, dont le sel est mondialement connu. Ce sont plusieurs centaines de baignoires naturelles qui se succèdent en en escalier, et entretenues par les familles de différentes communautés habitant les alentours. Lors de notre visite, en fin de saison de pluie, le sel n'est pas encore formé à la surface. La source d'eau qui alimente les bassins coule en continue, et sa teneur en sel est plus importante que la mer Méditerranée !
Le sel sera ramassé dans quelques mois, sous 3 formes différentes : la fleur de sel, le sel pour la cuisine et celui de moins bonne qualité pour les animaux et la salaison. Les fonds récoltés de la vente, seront équitablement répartis entre les familles. Évidemment, nous passerons par la boutique afin d'en acheter un échantillon.
Ollantaytambo
Située à 75 kms de Cuzco, ce site est une véritable forteresse Inca. Elle fût le théâtre de nombreux combats contre les espagnols. Mais l'endroit est encore bien conservé, on y observe muraille, habitations, temples, terrasses, greniers, le tout construit en blocs de pierres assemblés avec une grande précision, et le tout ayant une forme de lama. Devant nous, à l'entrée, se dressent 5 étages de terrasses donnant sur un ravin. On a l'impression de pénétrer dans un château fort. Les maisons, souvent sans toits car ils étaient faits de paille, sont séparées par des canaux. Elles sont pourvues d'ouvertures ce qui devait être des portes et fenêtres. A l'intérieur, des niches sont creusées, peut être pour les ornements. Un peu plus loin, le temple de l'eau se dresse au milieu de fontaines. Encore une fois, nous sommes en admiration devant la perfection de cet ouvrage, les monolithes taillés provenant d'une carrière de l'autre côté de la rivière. Le transport de ces blocs au travers des obstacles, de l'élévation, de la distance et surtout leurs poids nous laisse sans voix quand on imagine les efforts déployés. Quelle prouesse !
On monte ensuite sur les terrasses et on arrive devant d'énormes blocs: lieux de prières et de sacrifices pour le dieu Soleil. De là, la vue est imprenable sur les alentours, et nous faisons face à la montagne dans laquelle un visage de profil se devine. On y aperçoit de vastes greniers, dans lesquels étaient stockées les récoltes. Les Incas y mettaient des herbes afin de repousser les nuisibles. Des trous d'aération permettent de sécher le grain et d'empêcher les moisissures. On pourrait passer ici des heures, mais il temps pour nous de trouver un logement, en effet c'est d'ici que nous prendrons le train pour rejoindre la ville d'Aguas Callientes, puis le bus pour le Machu Picchu... Mais ça, se sera un prochain article.
Outre son site archéologique, la ville est sympa, avec son torrent qui la traverse. La place centrale vous offre une multitude de bars et restaurants, il n'y a plus qu'à choisir. Cependant, ils proposent tous la même chose : des pizzas ! Tous les établissements sont ouverts, mais ne sont pas plein. On imagine vite ces lieux durant une période avant Covid, et après j'espère, remplis de touristes à destination ou bien de retour du Machu Picchu.
Nous, comme c'est relativement calme, on a les meilleures tables du resto, sur le balcon donnant sur la place. Et c'est la même chose dans notre hôtel, avec qui nous avons obtenu un prix très correct (70 soles la nuit) avec un accueil chaleureux. Une étape sympathique, nous conseillons d'y rester dormir plutôt que de rejoindre en vitesse Cuzco.
Pisac
C'est le nom d'une ville située entre Ollantaytambo et Cuzco. Elle est connue pour son marché, sa place centrale dominée par un grand arbre, sa communauté hippie et évidemment son site archéologique situé sur les hauteurs à quelques kilomètres. Les rues du centre ont été bâties en quadrillage, c'est donc assez facile de s'y retrouver. Nous y passerons également la nuit, dans un hôtel quasi vide, tenu par un suisse. Et c'est un taxi, le lendemain matin, qui nous déposera à l'entrée du site, mais qui, également, nous attendra le temps de la visite pour ensuite nous conduire jusqu'à Cuzco.
Ces ruines construites sur la falaise, servaient certainement pour défendre l'entrée sud de la vallée. Là encore, on retrouve des terrasses sur le versant abrupte de la montagne. On se promène au milieu des murs de maisons, encore debouts, et on s'amuse à choisir notre pavillon. Il y en des grandes et des toutes petites, avec terrasse ou pas et souvent une vue imprenable. On y voit d'ailleurs des trous dans la falaise. Ces excavations sont en réalité des tombes des villageois Incas.
La citadelle comprend aussi, comme ses consoeurs, son temple du Soleil. On retrouve donc ici un bel aperçu de ce qui se faisait en terme de construction militaire, agricole et religieux. Cette cité, comme beaucoup d'autres, représente un animal. Sa construction serait en forme d'oiseau, plus exactement une perdrix appelée ici Pisaqa. Encore une fois, il est très agréable de se promener sur ce site qui domine la vallée.
Tambomachay
Ce tout petit site est à moins de 10 kms de Cuzco, comme les prochains. Ici, tout semble calme... On entend juste le bruit de l'eau, qui coule inlassablement. Et pour cause, son nom signifie "lieu de repos", et ce site servait d'abri. D'ailleurs plusieurs niches sont formées dans l'édifice. On contemple deux fontaines, de jouvence ? (On s'aspergera au cas ou...) construites toujours dans de gros blocs parfaitement emboîtés.
L'histoire raconte que de nombreux sacrifices auraient été perpétrés ici, notamment ceux d'enfants. Quelques minutes suffisent pour faire le tour.
Puca Pucara
On peut y descendre à pieds depuis Tambomachay, c'est juste en face, en parcourant quelques mètres. Là encore, il s'agit d'un ancien bastion militaire servant à défendre la ville de Cuzco. On peut circuler le long des murs en ruines, monter les quelques escaliers et observer les terrasses.
Sa situation en faisait un véritable poste de contrôle durant l'empire Inca, permettant de vérifier les entrées et sorties, notamment depuis la route en provenance de Pisac. 15 minutes nous suffiront sur place.
Qenqo
En quechua, ce nom signifie "labyrinthe". Et c'est le cas ! Un dédale construit entre les roches, des galeries souterraines, des canaux... Ce site est différent de ceux visités jusqu'à présent. Ce site aurait été l'un des sanctuaires les plus importants de la civilisation Inca. De nombreux rituels de sacrifices y aurait été pratiqués, ainsi que la momification des morts. Une gigantesque pierre se dresse à l'entrée, sur laquelle ils faisaient couler du sang de lama, en autres. Les interprétations se faisaient selon la direction et les stries empruntées sur la roche. Pour le dieu serpent ? Le soleil ou la Pachamama... ?
Sacsayhuaman
Vous non plus, vous n'arrivez pas à le prononcer ? Voici une astuce : prononcez "sexy women" afin de vous en souvenir. Ce site est tout proche de Cuzco, à seulement 3 kilomètres. Mais il est beaucoup plus grand et bien plus important, c'est pourquoi un guide prénommé Eloy nous accompagnera. Ses connaissances, et les livres très instructifs qu'il a apporté avec lui, sont de précieuses sources d'informations.
La visite commencera par une leçon sur la croix andine appelée ici : Chacana. Beaucoup de personnes la porte autour du cou.
Un petit laïus y sera consacré en fin d'article.
Cet immense complexe architectural est composé de 3 longs murs, en parallèle, et construits en dents de scie. Encore une fois, on ne peut qu'être dubitatif et bouche bée devant ces gigantesques blocs monolithiques, pesant plus de 100 tonnes, et pourtant parfaitement encastrés. Tout le monde se pose la question : "comment ils ont fait ?" De nombreuses théories, même les plus farfelues comme celles d'un ouvrage extraterrestre, ont été mises sur la table. Mais non, ce sont bien des hommes, construisant des rampes, et poussant ces blocs sur des galets et des troncs, avec des systèmes de freins et de contrepoids, qui sont à l'origine de cette architecture. Ce complexe, certainement militaire, comprenait 3 tours, dont malheureusement il ne reste que les fondations. Un tunnel souterrain reliait également, selon les dire de notre guide, le site au temple du Soleil de Cuzco.
On retrouve sur place, des endroits dédiés au culte du soleil. Mais c'est aussi ici, que se déroula de grandes batailles contre les troupes espagnoles. L'histoire raconte que le dernier Inca aurait préféré se jeter du haut de la tour plutôt que de se rendre et mourir sous les coups ennemis.
Nous passerons plus de 2 heures sur le site avec notre guide, tellement il y a à raconter. On a même dû retrouver le dessin d'un lama caché, réalisé avec les blocs de pierres. Les enfants ont trouvé cette visite très intéressante et rendue accessible avec les livres et les images en couleurs que Eloy avait à sa disposition.
On termine par un point de vue imprenable sur la ville de Cuzco. De ce mirador, on reconnait les quartiers, les places, les églises. Une vue superbe, à côté du Cristo Blanco.
Encore aujourd'hui, dans les environs, il semblerait que tout n'est pas été découvert. Des travailleurs s'occupent de remettre à jour et en état, un système de canalisation descendant jusque dans la ville.
Sacsayhuaman, comme le reste de la région, n'a donc pas fini de nous livrer tous ses secrets.
La Chacana ou croix des Andes :
Cette croix carrée est échelonnée avec 12 pointes. C'est un symbole millénaire du Pérou, récurrent, que l'on retrouve gravé, et peint sur des céramiques ou bien du textile. Cette croix est une référence à la croix du Sud, mais c'est un symbole comportant de nombreuses significations, dont notamment les liens étroits unissant le ciel et la terre. Le trou au milieu symbolise notre unité avec l'univers et notre lien avec le monde. Il représente aussi Cuzco, le centre de l'empire Inca. Les 4 branches sont les 4 anciennes régions, mais aussi les 4 points cardinaux et les 4 saisons pour la culture ou encore les 4 éléments (eau, air, terre, feu). Les 3 "marches" de chaque côté signifient les 3 mondes : Le monde supérieur (Hanach Pacha), avec les étoiles, les êtres célestes et dieu; le monde du milieu (Kay Pacha), le monde de la vie humaine et le monde inférieur (Uqhu Pacha) qui est le monde souterrain, l'inconscient et la mort.
C'est aussi les 3 animaux sacrés : le condor (le ciel, après la mort, le futur), le puma (la terre, là où on vit, le présent) et le serpent (le monde souterrain, d'où l'on vient, le passé). C'est également les 3 principes visant à aider l'humanité dans le maintien de la paix, l'équilibre et l'harmonie : maîtrise du corps, amour inconditionnel et sagesse.
Vous l'avez compris, un véritable bijou, très fort en représentations.
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